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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/571

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LIVRE DE JOB

Ce livre est appelé du nom de Job, parce qu’il contient l’histoire de celui-ci, la manière dont il souffrit, étant tenté par le diable, la victoire qu’il remporta en supportant avec piété les plaies qui fondirent sur lui. Il reçut une récompense double et devint plus illustre qu’auparavant. Lorsqu’il endura ses souffrances, il était âgé de soixante-dix ans ; il vécut ensuite cent soixante-dix autres années, en sorte que le chiffre des années de sa vie fut de deux cent quarante ans. Job vécut avant Moïse, car il était le cinquième descendant d’Abraham, étant issu d’Esaü. Les amis de Job vinrent pour le consoler à cause des souffrances qu’il endurait, mais ils le firent avec si peu de miséricorde et avec un zèle si amer que leurs discours leur furent imputés à péché. Job pria Dieu pour eux et il leur fut pardonné. Les discours de Job à ses amis sont au nombre de huit, ceux d’Eliphaz à Job au nombre de trois, ceux de Sophar au nombre de deux, ceux de Baldad au nombre de trois. Il y a aussi un discours d’Eliu, fils de Barachel, de Buz. Enfin, le Seigneur parle à Job du milieu du tourbillon et de la nuée. Il répond au Seigneur et lui adresse deux fois la parole, et ainsi se termine ce livre.

Le but de tout ce livre est d’exhorter à la patience. ceux sur qui fondent les calamités, ce qui arrive même à ceux qui donnent les plus grandes marques de leur piété, de telle sorte qu’ils ne soient point scandalisés, mais qu’ils s’écrient : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a enlevé ; il a été fait ainsi qu’il a plu au Seigneur ; que son nom soit béni dans les siècles des siècles (Job. 1, 21) ; » ou cette autre parole : « Je suis sorti nu du sein de ma mère et je retournerai nu dans la terre (Id), » et qu’ainsi ils apprennent quelle est l’utilité de la patience puisqu’ils en recevront la récompense comme Job. Il s’agit aussi de montrer que Dieu n’est pas l’auteur de nos maux et qu’il ne tente personne, mais que, Dieu le permettant ainsi, les tentations viennent aux hommes par l’intermédiaire du démon pour l’épreuve et la perfection de chacun. On croit que Salomon a écrit ce livre, à moins que Moïse lui-même n’en soit l’auteur. Nous venons de dire le contenu de ce livre ; en voici le résumé selon l’ordre des chapitres. Il est dit au commencement que Job habitait la terre de Hus. Ensuite, l’Écriture rend témoignage à sa vie pure, raconte qu’il eut sept fils et six filles[1] et parle du nombre de ses troupeaux. Ses fils, se réunissant tous les jours, faisaient des festins avec leurs trois sœurs, et Job envoyait pour sanctifier ses fils, offrant pour eux un sacrifice au Seigneur. Dieu, s’adressant à Satan, rend un premier témoignage à Job. Première réponse pleine d’envie de Satan à Dieu, concernant Job. Dieu donne puissance au diable sur tout ce qui appartient à Job, mais non sur Job lui-même. D’abord, Satan fait annoncer à Job que ses chevaux et ses ânes ont été pris, que ses serviteurs ont été battus. Un deuxième envoyé vient dire à Job : Vos troupeaux ont été consumés par le feu du ciel et les pasteurs avec eux. Un troisième envoyé annonce à Job qu’on a emmené ses chameaux et que ses serviteurs ont été tailles en pièces. Un quatrième lui annonce que la maison a été renversée et que tous ses enfants sont morts. Au milieu de toutes ces calamités, Job ne pécha point devant le Seigneur. Deuxième témoignage de Dieu parlant a Satan et faisant l’éloge de Job. Deuxième réponse pleine d’envie faite par Satan au Seigneur concernant Job. Le Seigneur livre Job, en faisant la réserve de sa vie. Le diable s’en allant le frapper depuis les pieds jusqu’à la tête et, assis sur son fumier, Job ramasse le pus de ses plaies. Sa femme lui dit de maudire le Seigneur et de mourir ; il la réprimande. Trois amis de Job, Eliphaz, roi des Thémadites, Baldad, roi des Sauchées, Sophar, roi des Ménées, apprirent tout ce qui lui était arrivé. Ils partirent chacun de leur contrée pour lui faire visite, et l’ayant considéré, ils déchirèrent leurs vêtements à la vue d’un si grand malheur. Job le premier ouvrit la bouche et il maudit le jour et la nuit dans lesquels il fut mis au monde. Là est cette parole :

  1. Le texte grec dit six filles, mais la Vulgate dit trois. A la phrase suivante, le texte grec ne parle plus en effet que de trois.