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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/60

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« huile n ne doit pas vous représenter de l’huile proprement parler, mais une onction. Car l’huile était un emblème de l’Esprit, et l’Esprit était ici la chose principale et nécessaire.
Puisqu’il en est ainsi, n’hésitez pas à lui donner ce nom de Christ ou d’oint qu’ont porté avant lui Abraham et les prophètes, bien qu’ils n’eussent pas tous reçu l’onction de l’huile. Par exemple, il est écrit : « Ne touchez pas à mes oints, et ne faites pas de mal à mes prophètes. » (Ps. 104, 15) Mais quand donc le Christ a-t-il reçu l’onction ? Quand l’Esprit descendit sur lui sous la forme d’une colombe. Par ces mots « Ceux qui y ont eu part », entendez tous les hommes spirituels. Jean dit de même : « Nous avons tous reçu de sa plénitude ; » et en parlant de Jésus : « Dieu ne lui mesure pas le don de l’Esprit. » (Jn. 1,16, et III, 34) Ailleurs il dit : « Je répandrai de mon Esprit sur toute chair. » Mais en cette occasion ce n’est pas une effluve de l’Esprit, c’est tout l’Esprit, qui est descendu ; d’où ces paroles : « Dieu ne lui mesure pas le don de l’Esprit. La myrrhe, l’aloès et la cannelle parfument vos vêtements (9). » Suivant un autre : « coulent sur vos habits ;» un autre traduit : « tous vos vêtements. »
10. Quelques-uns prétendent que le Prophète, par là, désigne allégoriquement la sépulture ; d’autres y voient une allusion au changement survenu dans l’onction. En effet, ce n’étaient pas ces parfums, mais d’autres, que les anciens employaient pour oindre. Afin de montrer que le mode d’onction est différent, le Psalmiste a déguisé, sous une diversité de substances, une différence d’opération. Quant à ces mots « Vos vêtements », ils signifient que les vêtements mêmes du vainqueur étaient tout pleins de grâce. C’est ainsi que l’hémorrhoïsse n’eut qu’à toucher la frange du vêtement de Jésus pour arrêter ses pertes de sang. – Rien n’empêche d’adopter ou ce sens ou l’autre ; je les juge également acceptables. – En conséquence, ainsi qu’en entendant parier d’arc et d’épée (pourquoi craindre de le redire ?) ou d’autres choses pareilles, vous ne vous arrêtez pas à la lettre : de même ici, sous ces mots « myrrhe et cannelle » cherchez un sens mystique, au lieu de vous figurer des réalités : sensibles. « Vos palais d’ivoire, ce qui a engagé des filles de rois à vous procurer de la joie dans l’éclat de votre gloire. » Suivant un autre : « Dans votre illustration. »
Il a dit ses victoires : il dit maintenant les honneurs qui s’ensuivent : il sera honoré dans des temples magnifiques. Autrefois l’ivoire était la matière la plus précieuse et la plus recherchée ; d’où ce cri d’un autre prophète : « Malheur à vous qui dormez sur des lits d’ivoire ! » (Amo. 6,4) Et il montre ensuite que la bonne nouvelle n’arrivera pas seulement aux simples particuliers, niais amènera des royaumes entiers à la soumission, et que des palais précieux seront élevés pour le triomphateur. Toutes ces prédictions sont aujourd’hui réalisées. Voulant montrer la puissance de la révélation, le Prophète dit comment elle conquit, subjugué hommes, femmes, pauvres, riches, rois au front ceint du diadème, reines, et les détermina à bâtir de toutes parts des temples à Dieu. Une fois engagé dans ce propos, il s’y étend, et s’arrête à décrire les serviteurs de Dieu et ses suppliants. Pour montrer comment les peuples se soumirent à lui, comment il toucha leur cœur, comment il triompha de ses ennemis, vit son bras partout victorieux, implanta partout vérité, douceur et justice, il recourt encore une fois au langage métaphorique, et trace une figure de l’Église conforme à ce que les apôtres en ont dit plus tard, l’un d’eux, par exemple, dans ce passage : « Je vous ai fiancés à cet unique époux qui est Jésus-Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge pure. » (1Cor. 2,2) Un autre dit : « Celui qui a l’épouse est l’époux. » (Jn. 3,29) Un autre : « Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit les noces de son fils. » – Le Prophète prédit ici la même chose en faisant paraître à la fois une fiancée et une reine : de là ces mots : « La reine s’est tenue debout à votre droite. » Suivant urne autre version, « a été comme une colonne », en d’autres termes, s’est tenue immobile, sans bouger, de même que le Christ dit ailleurs : « Les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. » (Mt. XVI, 18) Voyez-vous cet excès d’honneur ? cette majesté ? Celle qui était foulée aux pieds, traînée dans la boue, il l’élève si haut, qu’elle se tient debout à ses côtés : cette captive, cette esclave, cette prostituée, cette impure, voyez-vous à quelle dignité la voilà parvenue ? Elle est debout auprès du trône avec les puissances chargées du service céleste. Pendant que le Fils, comme égal au Père en dignité est assis à la droite, elle se tient là debout. Car toute reine qu’elle est, elle