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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/61

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n’en est pas moins de substance créée. Comment donc Paul peut-il dire : « Il nous a ressuscités avec lui et fait asseoir dans les cieux en Jésus-Christ ? » Veuillez faire attention. Il ne se borne pas à dire : « Il nous a ressuscités et fait asseoir ; » il ajoute : « En Jésus-Christ », c’est-à-dire par l’entremise du Christ. Puisque notre tête est là-haut, nous qui sommes le corps, nous n’en participons pas moins aux honneurs, bien que restant debout. Enveloppée d’un vêtement enrichi d’or et diversement parée. » – D’après un autre : « Avec un diadème d’or de Suphir. »
Si, quand il était question du roi, il ne fallait pas nous figurer un arc et des flèches, de même ici n’allez pas vous figurer des vêtements de fiancée : ne voyez dans ces expressions que des symboles matériels recouvrant des idées dignes de Dieu. – Pour prévenir une pareille erreur, le Prophète lui-même a soin d’ajouter : « Toute la gloire de la fille du roi lui vient du dedans (4). » Or les vêtements sont ce qu’il y a au monde de plus extérieur, de plus visible, du moins les vêtements du corps : mais quand il s’agit de choses spirituelles, c’est au dedans qu’il faut porter les regards de son esprit. Ce vêtement est l’ouvrage du roi, c’est lui qui en a revêtu la fiancée par le baptême:. « Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. » (Gal. 3,27) Avant cela, elle était nue ; repoussante, offerte en spectacle à tous les passants. Mais du jour où elle a revêtu cet habit, elle est montée à ce degré d’élévation, elle a été jugée digne de se tenir à la droite. – C’est à propos aussi qu’il parle de parure diverse. Le vêtement, en,.effet, n’est pas uni. Le salut ne vient pas seulement de la grâce : il nécessite aussi la foi, et après la foi, la vertu. Mais ici il ne s’agit pas de vêtements. L’Esprit s’inquiétait peu de décrire les habits dorés d’une femme. Si Isaïe s’élève contre les femmes parées, si toute l’Écriture proscrit le luxe comment le Psalmiste aurait-il pu ici faire l’éloge d’une femme parée ? « Écoute ; ma fille, et vois ; incline ton a oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père (12). Et le roi désirera ta beauté », ou « afin que le roi désire. Parce qu’il est ton Seigneur ; » suivant un autre « car il est ton Seigneur. Et ils l’adoreront. » Un autre traduit : « Et adore-le. Et la fille de Tyr avec des présents (13). » – D’après un autre : « Et la fille forte apportera des présents. Les riches du peuple supplieront ton visage. »
11. Rien ici de sensible, vous le voyez, rien de matériel ; font s’adresse a l’esprit seuil. Comment s’expliquer en effet cette fiancée, fille de son fiancé, cette fille fiancée de son père ? Au point de vue de la chair cela est impossible, les deux choses ne s’accordent point ; mais au point de vue de la divinité, elles sont conciliables. Celui qui lui a donné par le baptême une vie nouvelle, est aussi celui qui l’a prise pour fiancée. « Écoute, ma fille, et vois. » Elle lui doit deux choses, l’enseignement par l’entremise de la parole, et la vue par l’entremise des miracles et de la foi ; elle a reçu de lui et des dons et des promesses. Écoute donc fines paroles, vois mes miracles et mes œuvres et reçois patiemment mes exhortations. Et voyez par quelle exhortation préalable il commence : « Oublie ton peuple et la maison de ton père. » Comme il l’a prise parmi les Gentils, il commence par lui prescrire de renoncer à ses habitudes d’enfance, de les chasser de son souvenir, de les bannir de sa pensée ; il ne veut pas seulement qu’elle les fuie, il lui défend même d’en garder le souvenir. Et oublie ton peuple et la maison de, ton père. En disant le peuple et la maison, il désigne tout ce qui occupe les Gentils, leur vie comme leurs doctrines. « Et le roi désirera ta beauté. » Vous voyez qu’il n’est pas question de beauté corporelle ; si tu agis ainsi, lui dit-il, alors tu seras belle, alors le Roi désirera ta beauté. Or ce n’est pas là ce qui fait la beauté corporelle. Elle se rencontre chez les infidèles et il va de belles femmes qui sont païennes. Mais pour mieux vous convaincre qu’il n’est pas question de beauté sensible, le Prophète fait consister dans l’obéissance la beauté dont il parle ; or, l’obéissance ne produit pas la beauté du corps, mais celle de l’âme. Si tu agis ainsi, alors tu seras belle, tu deviendras un objet d’amour pour ton époux. « Parce qu’il est ton Seigneur. » Voici que le père se révèle comme époux et maître. Après avoir enjoint à la jeune femme de renoncer à ses parents, d’oublier son peuple, de renoncer à ses habitudes, il fait voir que l’a raison de ces préceptes est des plus fortes, que son langage se suit parfaitement, que l’obligation d’y obéir est impérieuse. En effet, si ton père est en même temps ton époux et en même temps ton maître, tu dois renoncer à tout pour te consacrer uniquement à lui. Et il ne dit point, parce qu’il est ton père, mais bien « parce qu’il est ton