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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/67

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par les mots : « le Dieu de Jacob ; » comme s’il disait : c’est son habitude constante, dès la plus haute antiquité, dès l’origine. – « Changement de rythme » un autre : « Toujours. – Venez et voyez les œuvres de Dieu, qu’il a fait paraître comme des prodiges sur la terre, en abolissant les guerres jusqu’aux extrémités de la terre (10). Il rompra l’arc, il brisera l’arme (un autre dit : il a brisé), et il brûlera les boucliers dans le feu. » Un autre dit : « il consumera les chars dans le feu. »
Le Psalmiste a parlé de la terre, de la mer, des montagnes, de la joie céleste descendue dans les âmes, du secours d’en haut, et maintenant il s’adresse aux spectateurs eux-mêmes, il les prend comme sujet de son discours, et pour les remplir de joie en même temps que pour exciter leur amour envers le Seigneur, il mentionne les trophées, il célèbre les victoires qu’il a remportées pour eux. Et il a eu raison de dire « prodiges », au lieu de trophées et de victoires. Car les faits qu’il rappelle ne s’étaient pas accomplis selon les lois de la nature ; le sort du combat n’avait été décidé ni par les armes, ni par la forée du corps, mais paria seule volonté de Dieu, que la voix des événements eux-mêmes désignait clairement comme le général de son peuple. Puisque les faibles triomphaient des forts, une poignée d’hommes, d’une multitude, ceux qui étaient assujettis de ceux qui les tenaient sous le joug, le Psalmiste a bien raison de nommer de tels événements, des prodiges, puisqu’ils s’étaient accomplis d’une manière surprenante, et qu’ils s’étaient étendus jusqu’aux extrémités de la terre.
3. On ne se tromperait pas non plus si l’on voulait prendre ces choses dans le sens anagogique, et les appliquer au temps présent. Et en effet, Dieu a mis fin â une grande guerre, celle des démons, et il a étendu partout sur la terre le règne de la paix, il n’y a pas jusqu’à la guerre sensible et proprement dite qu’il n’ait apaisée. C’est ce qu’Isaïe annonçait en disant : « Ils convertiront leurs épées en charrues, et leurs lances en faux ; et une nation ne tirera pas l’épée contre une nation, et ils ne s’exerceront plus à la guerre. » (Isaie, 2,4) Avant la venue du Christ en effet, tous les hommes portaient les armes, il n’y en avait point qui fussent exempts de cette charge,.et les villes combattaient contre les villes, ce n’étaient partout que guerres et conflits sanglants. Aujourd’hui la plus grande partie de la terre est en paix, la grande majorité du genre humain vit dans la sécurité, s’occupant des arts, cultivant la terre, et parcourant la mer. La milice n’occupe plus qu’un petit nombre d’hommes chargés de porter les armes pour les autres. Ce petit nombre serait même inutile, si notre conduite était ce qu’elle devrait être, si nous n’avions pas besoin des avertissements, des calamités. Par « le feu », le Psalmiste entend ici la colère de Dieu ; et il parle d’un fait qui s’est passé réellement, savoir que les Israélites, ayant vaincu leurs ennemis, brûlèrent leurs armes et leurs chars ; Ézéchiel en parle aussi (Ez. 39,10), et tous les hommes instruits savent cette histoire. – « Reposez-vous et connaissez que je suis Dieu. Je serai élevé au milieu des nations, je serai élevé au milieu de toute la terre (44). » Un autre dit « Soyez guéris et connaissez ; » un autre : « Cessez, afin que vous connaissiez ; » l’hébreu dit : «  Ouarphou ouadou. »
Ici l’auteur me semble s’adresser aux gentils et leur dire ceci : connaissez la force de Dieu, et sa puissance qui s’étend sur toute la terre mais pour cela vous avez besoin de repos, vous avez besoin d’une âme saine. La leçon « Cessez, etc. » donne le même sens : abandonnez l’erreur, défaites-vous de vos mauvaises habitudes ; levez un peu la tête au-dessus de l’obscurité dans laquelle vous tient courbés la pratique de tous les vices, respirez un instant, afin que, guidés par le lumineux enseignement des prodiges, et jouissant du calme de l’âme, vous appreniez à connaître le Dieu dé l’univers. Les miracles ne suffisent point quand l’âme n’est pas bien disposée. Les Juifs ont vu des miracles, et ils n’en ont retiré aucun profit pour leur salut. De même que les rayons du soleil ont besoin pour opérer la vision, de tomber dans des yeux limpides et sains, ainsi les miracles ne peuvent rien sans la disposition de l’âme. Voilà pourquoi, après avoir parlé des miracles, le Psalmiste exhorte ceux qui veulent en recueillir quelque avantage, à se débarrasser des maux qui les enveloppent pour arriver à la connaissance de Dieu, souverain maître de toutes choses. « Reposez-vous et connaissez que c’est moi qui suis Dieu », et non pas vos simulacres et vos statues. « Reposez-vous » donc et je vous présenterai de nombreuses preuves. Voilà en effet ce que signifie