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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/90

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qu’il y a de plus grand, de plus beau, il a connu Dieu, son créateur, il n’a eu qu’à se laisser conduire comme par la main pour arriver à la vertu, il a eu la connaissance de ce qui est bien, et de ce qui ne l’est pas. Seul de tous les êtres que nous voyons, il adore Dieu, il est aussi le seul qui jouisse de ses révélations, il a été initié à des mystères, et il est instruit des choses du ciel. C’est pour lui que la terre, pour lui que le ciel, pour lui que le soleil et les astres ont été faits ; c’est pour lui que la lune suit son cours, que les différentes saisons et les solstices se succèdent ; c’est pour lui que les fruits, que les végétaux, que les innombrables espèces des animaux se reproduisent ; c’est pour lui qu’ont été faits le jour et la nuit ; c’est pour lui que les apôtres et les prophètes, pour lui que les auges ont été souvent envoyés. À quoi bon entrer dans tant de détails ? Les faire connaître tous est impossible. C’est pour lui que Dieu le Fils unique s’est fait homme, qu’il a été crucifié, qu’il a été mis au tombeau, et les effrayants prodiges qui ont suivi la Résurrection, c’est pour lui qu’ils ont eu lieu. C’est pour lui que la loi, pour lui que le paradis ont été faits, pour lui que le déluge a eu lieu. Et ceci même est un des plus grands honneurs qu’on pût lui faire, que de travailler à sa perfection par les bienfaits et par les châtiments. C’est pour lui que pendant tous les siècles antérieurs la Providence divine s’est déployée à l’infinie. Il n’y a pas jusqu’au jugement dernier qui ne soit une marque d’honneur pour lui. Ce qui fait dire à Job : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu aies daigné le soumettre à un jugement ? » (Job. 14,3) C’est aussi ce que dit ailleurs le même Psalmiste : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu te sois souvenu de lui ? » (Ps. 8,5) C’est encore pour lui que le Fils unique viendra les mains pleines de biens infinis. De ces biens il nous a déjà donné une partie par la grâce du baptême, par les mystères et les autres cérémonies du culte, et il a rempli la terre de beaucoup d’autres merveilles : il a promis de nous donner l’autre, le royaume des cieux, et la vie éternelle, il a promis de nous laisser son héritage, et de nous faire régner avec lui. Aussi saint Paul a-t-il dit. « Si nous souffrons avec lui, nous régnerons aussi avec lui. » (2Tim. 2,12) C’est à tout cela que songe le Prophète quand il compare aux brutes ceux qui renient la noblesse de leur origine pour se livrer au vice, et qui désertent leur poste pour vivre de la vie des bêtes. Procédé familier à d’autres prophètes qui veulent confondre par ces comparaisons l’impudence de leurs auditeurs. L’un dit : « Les voilà devenus comme des étalons en rut. » (Jer. 5,8) L’autre : « Le bœuf reconnaît celui à qui il appartient, l’âne reconnaît la crèche de son maître (Is. 1, 3) », et ses paroles sont encore plus amères que celles de David : « Il est tombé au rang des animaux privés de raison, et il est devenu semblable à eux », car il dit que les hommes sont devenus plus stupides que ces animaux qui, eux du moins, reconnaissent leur maître, « tandis qu’Israël « ne me reconnaît pas », dit le Seigneur.
8. Ailleurs un autre sage voulant montrer que le fainéant, l’homme abattu, flétri par la paresse, est inférieur même à la fourmi, le renvoie auprès d’elle pour apprendre à aimer le travail : « Va », dit-il, « paresseux, vers la fourmi, et prends-la pour modèle. » (Prov. 6,6, 8) « Car celle-ci, sans avoir de terre à cultiver, sans que personne la force, sans avoir « à obéir à aucun maître, prépare sa nourriture durant l’été, et pendant la moisson met « de côté d’abondantes provisions. » Il lui recommande encore de se rendre auprès de l’abeille : « Va auprès de l’abeille, et apprends combien elle est bonne ouvrière : son fruit l’emporte sur les fruits les plus doux : les princes et les simples particuliers recherchent pour leur santé le produit de ses travaux. » (Sir. 11,3) Un autre dit : « Tes princes sont comme des loups d’Arabie. » (Sophron. 3,3) Un autre encore : « Tu es resté assis dans le désert, comme une corneille. » (Jer. 3,2) Et le fils de Zacharie s’écrie : « Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère qui doit tomber sur vous ? » (Mt. 3,7) Un autre dit encore : « Ils ont brisé les œufs d’aspic, et ourdi des toiles d’araignée. » (Is. 59,5) Le même Psalmiste a dit ailleurs : « Le venin de l’aspic dégoutte de leurs lèvres. » (Ps. 140,3) Et ailleurs encore : « Leur colère est comme celle des serpents. » (Ps. 57,5) Telle est la puissance du vice : cet homme si grand, si noble, au front chargé de diadèmes, il le ravale au niveau des êtres privés de raison. C’est pour cela que dans le présent psaume, le Prophète, après avoir choisi deux sortes de vices, et avoir laissé aux auditeurs le soin de réfléchir sur les autres, stigmatise ainsi ceux qui se laissent