Aller au contenu

Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

voit-il son trône, le torrent qui roule au pied de son tribunal et tout lui apparaît en feu, et le char et les roues. (Dan. 7,9, 10) Mais au commencement et quand il parut pour la première fois il ne découvrit aux regards ni le feu, ni le torrent, ni rien de tout cela : on ne vit qu’une étable, une auberge, une chaumière, une mère dans la pauvreté. Par là, Daniel nous montre son inflexibilité et son immutabilité. Car après avoir dit que celui qui était assis sur leur trône avait les cheveux blancs comme de la laine et que ses vêtements étaient éclatants comme la neige, non pour nous faire croire qu’il s’agisse en réalité de cheveux et de vêtements, mais pour nous montrer rayonnant partout un feu pur et éclatant, il ajoute : « Le feu brûlera sur sa face et au tour de lui tourbillonnera une tempête violente. » (Dan. 7,9) Par ces images il nous fait comprendre que le Seigneur ne change pas, qu’il est inflexible, qu’il brille comme la lumière et qu’il est inaccessible. Il ne s’en tient lias au feu, mais pour montrer l’impétuosité de sa vengeance, il ajoute ces mots : « une tempête violente. » Par ce mot καταιγίς (tempête) nous entendons soit une masse énorme de neige qui en tombant entraîne et renverse tout sur son passage, soit un tourbillon, une trombe qui produit les mêmes ravages et à laquelle rien ne résiste. C’est donc pour nous figurer l’irrésistible impétuosité de la colère divine qu’il s’est servi de ces images. – « Il appellera les cieux et la terre pour juger son peuple (4). »
Il parle encore des éléments, source de tant de biens pour la race humaine, non seulement en ce qui concerne la vie du corps et sa formation, mais encore en ce qui concerne la connaissance de Dieu. Car la beauté et la grandeur de la création, la manière dont elle a été conçue, les substances d’où se sont formés les éléments et ce que les éléments ont produit et produisent à leur tour, soit de tout temps et en général, soit de temps en temps et en particulier, tout cela nourrit et entretient le corps, et nous amène à reconnaître Celui qui a tout fait. C’est ce qui fait dire à saint Paul : « Car les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, sont devenus visibles depuis la création du monde, par la connaissance que ses créatures nous en donnent. » (Rom. 1,20) Et ailleurs : « Car Dieu voyant que le monde avec la sagesse humaine ne l’avait point connu dans les ouvrages de la sagesse divine (1Cor. 1, 21) ; » c’est-à-dire n’avait tu as reconnu la sagesse qui éclate dans la création, ce qui cependant n’est pas un petit, mais un très-grand et très-intelligible enseignement. Et les résultats de cette même création qui se produisent tous les jours, bien que paraissant n’être qu’une conséquence des lois de la nature, proclament aussi l’existence du Créateur. Car le Créateur est le maître de la nature.
3. Ne vous étonnez pas s’il s’adresse spécialement aux Juifs, en parlant du jugement universel. C’est de la même manière que saint Paul a dit : « La fureur et la colère, l’affliction et le désespoir se répandront sur l’âme de tout homme qui fait le mal : du juif premièrement et puis du gentil. » (Rom. 2,8, 9) Et ailleurs : « Et ainsi tous ceux qui ont péché sans avoir reçu la loi, périront aussi sans être jugés par la loi : et tous ceux qui ont péché étant sous la loi seront jugés par la loi. » (Id. 12) « Rassemblez autour de lui ses saints, tous ceux qui ont contracté avec lui une alliance scellée par le sacrifice (5). » Pourquoi donc, ceux qu’il va mettre en accusation, qu’il va condamner, les appelle-t-il ici des saints ? C’est pour donner plus de force à l’accusation, pour rendre la punition plus éclatante par les honneurs rendus à l’accusé. De même nous, quand nous voyons quelques personnes qui ont fait le mal, et que nous voulons leur rendre nos reproches plus sensibles, nous les appelons par leurs qualités, rie manière à donner plus de poids à l’accusation, disant : appelle le diacre, ou bien, appelle le prêtre, puisqu’ils avaient le titre de prêtres du Roi des rois, de peuple privilégié, et qu’ils en étaient fiers, il prend pied là-dessus pour donner plus d’étendue à ses reproches. « Ceux qui ont fait avec lui une alliance scellée par le sacrifice. » Comme après avoir osé mille et mille infamies, fait le mal de toutes les manières, après avoir dérobé, cherché à s’approprier le bien d’autrui, après avoir tué, commis l’adultère, répandu des flots de sang, ils pensaient s’être bien conduits, et ne s’être pas écartés de la loi et de l’alliance jurée, pourvu qu’ils sacrifiassent des brebis et des veaux, il prend acte de tout cela pour leur lancer l’outrage et la raillerie en disant : « Ceux qui ont fait avec lui une alliance scellée par les sacrifices », c’est-à-dire ceux qui croient