Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/125

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nom : honneur, qui depuis que Rome est fondée, ne fut, avant moi, déféré qu’à des guerriers. On s’explique sur mon sujet en ces termes : Pour avoir garanti la ville d’être brûlée, ses Citoyens massacrés ; l’Italie, désolée par la guerre. Or, il est à remarquer que si cet honneur fut accordé à d’autres, c’étoit pour avoir utilement servi la République ; et qu’il me l’est à moi pour l’avoir totalement sauvée. En dernier lieu, il s’est fait une chose qui ne souffrit aucun délai. Car, quoique Lentulus, par les preuves que nous avions de son crime, par son propre aveu, et par le jugement même du Sénat, fût déchu de tous les droits attachés au rang de Préteur, et à la qualité de Citoyen, nous lui avons fait cependant abdiquer la Magistrature pour nous délivrer du scrupule qu’on pourroit avoir de punir un Magistrat Romain ; scrupule, dont autrefois le célèbre Marius ne s’embarrassa point, lorsqu’il mit à mort le Prêteur[1] Servilius, qui n’étoit personnellement flétri par aucun décret du Sénat.

VII. Or, tous les Chefs de cette dangereuse faction étant arrêtés, et sous bonne garde, concluez-en, Romains, que la ville est hors de péril, et que toutes les forces, toutes les espérances de Catilina sont évanouies. Je prévoyois bien, en le chassant de Rome, que je n’aurois guère à redouter, lui absent, ni l’assoupissement d’un Lentulus, ni la pesanteur d’un Cassius, ni la bouillante étourderie d’un Céthégus. Il n’y avoit à craindre que Catilina, mais seulement tant qu’il seroit dans l’enceinte de nos murs. Il étoit instruit de tout ; il avoit accès par-tout. Il pouvoit, il osoit aborder, tenter, solliciler qui bon lui semblait. Il

  1. C. Servilius Glaucia, dont Cicéron parle bien au long dans son Brutus, ch. 62.