Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VIII. Mais, Romains, ce n’est point à moi, c’est à la puissance et à la sagesse des Dieux immortels, qu’il faut attribuer la conduite que j’ai tenue. On sent bien effectivement, que dans une conjoncture si délicate, la sagesse humaine n’étoit guère capable d’amener de si grands succès : et d’ailleurs les Dieux nous ont assistés d’une manière si marquée, que nous avons pu en quelque façon les voir de nos yeux. Car, pour ne rien dire ici des feux nocturnes qui ont embrasé le ciel vers l’Occident ; pour ne rien dire des foudres, des tremblemens de terre, ni de tant d’autres prodiges arrivés sous mon Consulat, et par où il sembloit que les Dieux nous annonçoient ce que nous éprouvons ; il y a un fait encore plus singulier, et qui ne doit pas être passé sous silence.

19. Vous n’avez pas oublié, sans doute, que, sous le Consulat de Cotta et de Torquatus, les tours du Capitole furent frappées du tonnerre ; les simulacres des Dieux, déplacés ; les statues de nos anciens, renversées ; l’airain où étoient gravées nos lois, fondu. Et même la foudre n’épargna pas cette statue dorée de Romulus votre fondateur, où vous vous souvenez qu’il étoit dans l’altitude d’un enfant qui fait effort pour atteindre aux mamelles d’une louve. On appela de toute l’Étrurie des Aruspices, qui dirent que ces présages annonçoient des massacres, des incendies, le renversement de nos lois, une guerre civile et domestique ; la chute prochaine de Rome