Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comprenoient que pour qui n’auroit pas ces autres supplices à craindre, la mort toute seule ne seroit pas un objet de terreur.

V. À ne consulter que mon intérêt particulier, je dois souhaiter, Pères Conscrits, que vous suiviez l’opinion de César, parce que César étant de ceux que l’on croit portés pour le peuple, j’aurai peut-être moins de contradictions à craindre, quand je proposerai un avis, dont on saura qu’il est l’auteur. Je ne sais si l’avis contraire ne me jette pas dans de plus grands embarras. Quoi qu’il en soit, le bien public doit l’emporter sur mon intérêt personnel. Au reste, l’opinion de César est digne certainement d’un Citoyen tel que lui, dans qui se réunissent le mérite et la naissance : c’est un gage qu’il donne à la République, de son éternel attachement : par là nous avons vu quelle différence il y avoit entre un flatteur de la multitude, et un homme vraiment populaire, vraiment ami du bien public.

10. Mais parmi ceux qui veulent passer pour populaires, je m’aperçois qu’il nous en manque ici un, qui s’est absenté, sans doute, pour ne point se trouver dans l’occasion de condamner des Citoyens Romains à la mort. Avant-hier, cependant, son avis fut qu’on devoit les mettre en prison, et rendre en mon honneur de solennelles actions de grâces aux Dieux. Hier encore il demanda que les dénonciateurs fussent magnifiquement récompensés. Or, c’est assez faire entendre comment il pense sur ce sujet. Pour César, il sait très-bien que la loi Sempronia est faite en faveur des Citoyens Romains ; mais que tout homme qui se déclare contre la patrie, perd absolument la