Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/175

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nora le triomphe : que jamais ne périsse la mémoire de Marius, qui deux fois délivra Rome de l’invasion des Barbares : qu’on leur préfère à tous Pompée, dont les admirables exploits n’ont point d’autres bornes, que les bornes mêmes du soleil : mon nom trouvera place parmi tous ces noms illustres, à moins qu’on ne juge qu’il y a plus de mérite à nous étendre par des conquêtes, qu’à faire que nos Conquérans, à leur retour, puissent retrouver la ville où ils reçoivent le prix de leurs travaux.

22. Il est vrai que les victoires étrangères ont un avantage sur les victoires domestiques. Car si des étrangers sont une fois subjugués, ils deviennent nos esclaves ; ou si on les reçoit dans notre alliance, ils le regardent comme une grâce qu’on veut bien leur faire. Mais des Citoyens assez furieux pour se révolter contre leur Patrie, si vous empêchez qu’ils ne réussissent dans leur dessein, vous ne pouvez les contenir par la crainte, ni les regagner par des bienfaits. Ainsi je me vois, pour toute ma vie, d’implacables ennemis ; mais dont, après tout, la vengeance n’est à craindre, ni pour moi, ni pour les miens, parce que j’ai un appui sûr dans votre protection, dans les sentimens que les gens de bien auront toujours pour moi, et dans le souvenir qui se conservera des périls que j’ai courus ; périls éternellement mémorables, non-seulement parmi le peuple que j’ai sauvé, mais parmi toutes les Nations du Monde. Oui, je l’espère, mes ennemis ne formeront jamais une puissance capable de résister au Sénat, uni avec les Chevaliers Romains, et soutenu de