Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/65

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rité ; et quand même j’aurois eu tout sujet de m’y attendre, mon sentiment fut toujours que des plaintes uniquement fondées sur ce que nous avons fait notre devoir, ne sont pas des plaintes, mais des éloges.

30. Une réflexion que j’ai faite, c’est que divers Sénateurs, ou ne voient pas, ou affectent de ne point voir nos dangers ; que leurs timides avis ont nourri les espérances de Catilina ; que leur incrédulité a fortifié sa Conjuration naissante ; et que leurs sentimens ont influé, non-seulement sur ceux qui ont de mauvaises intentions, mais encore sur ceux qui savent peu les affaires. Or, si j’en usois ici à la rigueur, ils me traiteroient de cruel et de tyran. Au lieu que si Catilina, suivant son projet, se rend au camp de Mallius, alors les moins éclairés seront convaincus qu’il y a une Conspiration, et les plus méchans, contraints de l’avouer. J’ai compris, d’ailleurs, que sa mort toute seule n’eût fait que pallier le mal pour un temps, et ne l’eût pas guéri pour toujours. Que s’il quittoit Rome, s’il étoit suivi de ses partisans, et s’il rassembloit de toutes parts au même endroit tous les factieux, non-seulement nous étoufferions cette peste, dont les progrès sont déjà si grands ; mais nous arracherions jusqu’à la racine, jusqu’au germe de nos maux.

XIII. Car, Pères Conscrits, il y a longtemps que cette Conjuration se trame ; mais la fureur, l’audace, toutes sortes de crimes sont venus, je ne sais comment, à maturité sous mon Consulat. En se bornant à faire périr le Chef de ces brigands, peut-être suspendroit-on pour un peu