Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/81

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de la ville que de la campagne. Pas un homme obéré, ni dans Rome, ni dans le moindre coin de l’Italie, qu’il n’ait engagé dans cette incroyable Conspiration.

V. Admirez comment il réduit[1] les goûts qu’on croiroit incompatibles. Parmi les gladiateurs les plus déterminés, pas un qui ne se dise de ses amis : et parmi les Comédiens les plus libertins, pas un qui ne se vante d’avoir vécu avec lui, comme avec son égal, à peu près. Voilà quelles sortes de gens lui ont fait la réputation d’homme endurci à la fatigue ; et cela sur ce que, dans le cours de ses voluptés, de ses brigandages, il a eu occasion d’apprendre à braver le froid, la faim, la soif, les veilles : faisant servir à d’infâmes débauches, et à une audace criminelle, les ressources données à l’homme pour se porter au travail et à la vertu.

10. Ô ! si tous ses partisans le rejoignoient ; si cette foule de scélérats quittoit Rome ; quelle félicité pour cette ville ! quelle gloire pour mon Consulat ! Ils ne mettent plus de frein à leur licence ; ils ne renferment plus leurs attentats dans les bornes de l’humanité ; ils n’ont dans l’esprit que meurtres, que rapines, qu’incendies. Ils ont absorbé leur patrimoine ; ils n’ont plus ni biens, ni crédit ; et cependant, comme s’ils étoient dans leur l’abondance d’autrefois, ils conservent leurs mêmes passions. Encore faudroit-il les tolérer, quoiqu’il n’y eût rien de bon à espérer d’eux, si nous ne trouvions à redire dans leur conduite que

  1. Voyez son portrait ci-dessus, page 7.