Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, 1850, tome 2.djvu/670

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je pensais, en le faisant, répandre par toute la terre une semence dont le fruit devait être le souvenir immortel de l’univers. Que je sois, après ma mort, insensible à cette renommée, ou que, suivant l’opinion des hommes les plus sages, une partie de moi-même puisse en jouir encore, cette pensée, cet espoir me donnent du moins dès à présent un véritable plaisir.

XII. Juges, conservez-nous donc un homme, dont les vertus modestes vous sont attestées par le mérite et le long attachement de ses amis : dont le génie est tel qu’on doit se figurer celui d’un poète recherché par les hommes du plus grand génie ; dont la cause a pour soutien la loi, l’autorité d’une ville municipale, le témoignage de Lucullus, et les registres de Métellus. Aussi, magistrats, si, dans une affaire de cette importance, il faut parler au nom des dieux comme au nom des hommes, je vous recommande un poète qui vous a toujours célébrés, vous, vos généraux et les victoires du peuple romain ; qui promet d’immortaliser par ses chants les derniers périls dont nous sommes sortis victorieux par nos efforts réunis ; qui enfin est du nombre de ceux dont la personne a toujours été jugée et dite sacrée chez tous les peuples. Prenez-le sous votre protection ; et qu’on dise de lui qu’il a été plutôt sauvé par votre bonté que frappé cruellement par votre justice. Juges, ce que j’ai dit sur le fond de la cause, en peu de mots et simplement selon ma coutume, a été, j’en ai la confiance, approuvé de tout le monde ; les éloges que j’ai donnés au génie d’Archias et à la poésie en général, quoique étrangers au barreau et aux discours judiciaires, ont été écoutés avec bienveillance, j’ose le croire : quant au magistrat qui préside ici, je suis sûr de son approbation.


NOTES
SUR LE PLAIDOYER POUR ARCHIAS.

II. Hoc prætore exercente judicium. Voici la note du scoliaste publié par Angelo Mai en 1814, d’après un manuscrit de la bibliothèque Ambrosienne de Milan : « Non vacat quod mentionem facit prætoris ipsius, id est fratris sui, Q. Ciceronis, qui judicio praeerat… fuit enim Q. Tullius non solum epici, verum etiam tragici carminis scriptor. »

III. Metello illi Numidico. Le manuscrit Ambrosien ajoute comme partie du texte, qui de Jugurtha triumphavit.

Æmilio. Émilius Scaurus, prince du sénat ; Q. Catulus, père, collègue de Marius, qui plus tard le força de se donner la mort. Catulus fils, qui s’opposa au consul Lépidus, quand celui-ci voulut détruire les actes de Sylla ; L. Crassus, l’orateur, si vanté par Cicéron ; les Lucullus ; Marcus, qui triompha de la Macédoine ; Lucius, de Mithridate et de Tigrane. Drusus, le célèbre tribun ; les Octaves, l’un fils d’Octave, collègue de Cinna, an de Rome 667 ; l’autre, collègue de Scribonius Curion, 679 : Catonem, le père de Caton d’Utique ; les Hortensius, dont le plus connu est l’orateur rival de Cicéron.

L’orateur accumule ici à dessein les noms de plusieurs illustres personnages ; ce sont autant de recommandations en faveur d’Archias.

(La plupart de ces indications, et cette dernière réflexion, sont du scoliaste Ambrosien.)

In Siciliam. Ciliciam, selon certains commentateurs.

Heracleam. Sur le golfe de Tarente, entre Tarente et Métaponte. « Cette ville, presque l’unique, dit-on, avec qui on fit un traité du temps de Pyrrhus, sous le consulat de Fabricius. (Cicéron pro Balbo, cap. 22.)

Silvani lege. Loi Plautia Papiria, portée par les tri-