Page:Cicéron - Œuvres complètes, Nisard, 1864, tome I.djvu/11

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AVANT-PROPOS.


Nous n’avons pas entrepris sans quelque inquiétude cette traduction des œuvres de Cicéron. Outre la difficulté matérielle de réunir en cinq volumes, distribués avec ordre et clarté, la matière de près de quarante volumes des éditions ordinaires, nous avions à redouter le souvenir qu’a laissé aux amis des lettres latines le beau travail de M. J. V. Leclerc. Rien n’eût été plus désirable pour notre collection que d’y faire entrer cette traduction, justement célèbre, avec les améliorations de détail que, sans aucun doute, le savant éditeur eût jugé nécessaire d’y introduire. La chose n’ayant pas été possible, nous avons dû entreprendre nous-mêmes une nouvelle traduction, en tâchant de découvrir en quels points M. Leclerc aurait pu songer à améliorer son travail ; et, pour le reste en nous attachant à suivre cet excellent modèle.

L’édition que nous donnons ici, avec la seule confiance de n’avoir rien négligé pour la rendre bonne, n’est pas, nous nous hâtons de le déclarer, une édition savante. Il faut laisser ce nom à l’œuvre de M. J. V. Leclerc. avec l’honneur qui y est justement attaché. Nous n’avons pas fait proprement de travail philologique sur le texte ; et quant à nos annotations, réduites à ce qui nous a paru le strict nécessaire, elles sont loin d’avoir le caractère de dissertation qui distingue cette partie du travail dans une édition savante.

Toutefois, s’il ne nous coûte pas de reconnaître ce qui nous manque au point de vue scientifique, il y aurait peut-être trop d’humilité à taire les motifs solides que nous croyons avoir eus de conserver à l’édition de Cicéron en particulier le caractère élémentaire qui est propre à notre collection. Cette nécessité même nous a peut-être préservés de certains inconvénients attachés aux éditions savantes.

S’agit-il en effet d’établir un texte ? il faut renvoyer le lecteur à toutes les sources, et indiquer toutes les variantes. Or, il n’est guère d’auteur dont l’édition ne s’accroîtra d’un tiers, si l’on y veut faire entrer toutes les leçons, ou même se réduire aux leçons accréditées. Pour Cicéron en particulier, l’édition la plus récente et la plus complète, à cet égard, qui en ait paru jusqu’alors, celle du savant Orell ou Orelli, prouve que les leçons peuvent équivaloir à plus d’un tiers du texte. En omettre et faire un triage,