Page:Cicéron - Œuvres complètes, Nisard, 1864, tome I.djvu/260

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Si le genre délibératif et le genre démonstratif sont des genres de cause, on ne peut sans erreur les regarder comme des espèces de quelque genre. La même chose peut bien être appelée genre par les uns, espèce par les autres ; mais elle ne saurait, pour le même juge, être genre et espèce à la fois. Or le délibératif et le démonstratif sont des genres car, ou il n’y a pas de genre, ou il n’y en a pas d’autre que le judiciaire, ou bien il y a le délibératif le démonstratif et le judiciaire. Avancer qu’il n’y a pas de genre de cause, mais qu’il y a différentes causes, et donner des préceptes pour les traiter, est une folie. D’un autre côté, comment le genre judiciaire pourrait-il exister seul lorsque le délibératif et le démonstratif, si différents entre eux, ont encore moins de rapport avec le judiciaire, lorsque chacun d’eux se propose un but particulier ? il en faut conclure qu’ils sont tous trois des genres ; on ne peut donc considérer le démonstratif et le délibératif comme les espèces de quelque genre. C’est donc à tort qu’Hermagoras les a considérés comme des espèces de la question de genre.

X. Que si l’on ne peut les considérer comme des espèces d’un genre de cause, on se trompe plus lourdement encore en les faisant espèces d’espèces. Car la question entière est une partie de la cause, puisque ce n’est pas la cause qui s’applique à la question, mais la question à la cause. Mais si le délibératif et le démonstratif, parce qu’ils sont des genres, ne peuvent être considérés comme les espèces d’un genre de cause, encore moins doit-on les regarder comme des espèces d’espèces, ainsi que l’a fait Hermagoras. D’ailleurs, si repousser une accusation constitue la question elle-même, ou une partie de la question, ce qui ne repousse pas l’accusation ne peut être ni la question, ni une partie de la question. Or si ce qui ne repousse pas l’accusation ne peut être ni la question, ni une partie de la question, le délibératif et le démonstratif ne sont ni la question, ni une partie de la question. Si donc repousser l’accusation constitue, ou la question, ou une partie de la question, le délibératif et le démonstratif ne sont ni la question, ni une partie de la question. Mais Hermagoras prétend que repousser une accusation constitue la question. Qu’il dise donc aussi que le délibératif et le démonstratif ne sont ni la question ni une partie de la question. Et soit qu’il appelle question les premiers moyens dont s’appuie l’accusateur ou la première défense de l’accusé, il se trouve toujours dans le même embarras ; car il rencontre toujours les mêmes écueils.

Ensuite, une cause de conjecture ne peut à la fois, sur le même point, et dans le même genre, être cause de conjecture et cause de définition. D’un autre côté, une cause de définition ne peut à la fois, sur le même point, et dans le même genre, être cause de définition et cause de récusation. Nulle question enfin, nulle partie de question ne peut en contenir une autre, parce que chacune d’elles est prise en elle-même, et considérée isolément d’après son essence. Ajoutez-en une nouvelle, le nombre des questions est augmenté, mais la question n’a pas plus d’étendue. Mais une cause délibérative renferme ordinairement, sur le même point, et dans le même genre, une et quelquefois plusieurs questions de conjecture, de genre, de définition et de récusation. Elle n’est donc ni la question elle-même, ni une partie de la question. Il en est de même pour le