Page:Cicéron - Œuvres complètes, Nisard, 1864, tome I.djvu/269

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sion en posant l’état de la question : nous avons indiqué plus haut la manière de le trouver.

Les caractères de cette autre partie de la division qui présente l’analyse et la distribution de la cause sont la brièveté, l’exactitude et la justesse. La brièveté n’admet aucun mot inutile, parce qu’il s’agit d’attacher l’auditeur, non par des ornements étrangers, mais par le fond même et les parties de la cause. L’exactitude embrasse tous les genres que renferme la cause : un défaut capital qui détruit tout l’effet du discours, c’est d’omettre quelque point essentiel, qu’on serait obligé ensuite de placer hors de la division. La justesse établit les genres, sans les mêler et les confondre avec les espèces. Car le genre embrasse plusieurs espèces, comme animal : l’espèce est comprise dans le genre, comme cheval ; mais souvent le même objet est à la fois genre et espèce : homme, par exemple, est espèce d’animal, et genre par rapport aux Thébains ou aux Troyens.

XXIII. J’insiste sur cette règle, parce que la division des genres, une fois clairement établie, aide beaucoup à la justesse. En effet, l’orateur qui dit : « Je montrerai que les passions, l’audace l’avarice de mes adversaires, sont la source de tous les maux de la république, » ne s’aperçoit pas que dans sa division il confond le genre et les espèces. Passion est genre pour tous les désirs déréglés de l’âme, et l’avarice est évidemment une de ses espèces.

Évitez donc, surtout dans une division, de joindre au genre une de ses parties, comme un genre différent. Que si le genre comprend plusieurs espèces, contentez-vous de l’exposer d’abord dans la division de la cause, pour le développer à loisir, quand la marche de votre discours vous aura conduit à ce point. La justesse nous apprend encore à ne pas promettre de prouver plus qu’il ne faut ; à ne pas dire, « Je démontrerai que mes adversaires ont eu le pouvoir et la volonté de n commettre ce délit, et qu’ils l’ont commis : » il suffit de prouver qu’ils l’ont commis. La cause est-elle assez simple pour ne point admettre de division, gardez-vous de vouloir diviser ; mais ce cas est extrêmement rare.

Il est encore d’autres préceptes sur la division ; préceptes qui n’appartiennent pas proprement à l’art oratoire, mais qui s’appliquent aussi à la philosophie, à qui nous avons emprunté en ce genre tout ce qu’elle nous offrait d’utile, et que nous n’avons trouvés dans aucune autre rhétorique.

Quelque sujet que vous traitiez, souvenez-vous toujours de ces principes de la division, et suivez dans la marche du discours l’ordre qu’elle aura une fois établi. Quand chacune des parties sera développée, songez à terminer votre discours ; vous n’avez plus à ajouter que la conclusion. Voyez, dans l’Andrienne de Térence, comme Simon, quand il expose ses desseins à son affranchi, établit en peu de mots et avec clarté sa division :

Ainsi tu connaîtras la conduite de Pam-