Page:Cicéron - Œuvres complètes, Nisard, 1864, tome I.djvu/590

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mis les chevaliers, alors seuls en possession des fonctions de jurés. C’est à ces poursuites que Cicéron fait allusion, de Orat, III, 2, par ces mots, ardentem invidia senatum, nefarii criminis principes civitatis reos. Accusé en vertu de la loi Varia, Cotta prit le parti de s’exiler. Il fut ensuite rappelé par Sylla, et fut consul en 678. C’est dans sa bouche que Salluste met le dernier des discours qui se lisent dans les fragments de cet historien. Cotta est un des interlocuteurs des Dialogues de Oratore. — P. Sulpicius Rufus, aussi né en 629, et interlocuteur des mêmes Dialogues, embrassa d’abord le parti du sénat, et contribua en 664 à faire nommer Sylla consul. Bientôt il se déclara pour Marius et devint le plus furieux tribun du peuple qui eût jamais été. Plutarque fait de lui un portrait affreux : « Il ne s’agissait pas, dit-il, d’examiner s’il surpassait les autres en toutes sortes de vices, mais en quel genre de vices il se surpassait lui-même. » Il avait à ses ordres trois mille hommes armés, et il ne paraissait en public qu’accompagné de six cents jeunes chevaliers, déterminés à tout oser à son premier signal : il les appelait son contre-sénat. On est fâché de voir un si grand scélérat dans un si grand orateur. Jusqu’à cette époque, sa conduite et son génie lui avaient attiré l’estime universelle, et « tout à coup, dit Velléius, II, 18, comme s’il se fût lassé d’être vertueux et que toutes ses bonnes résolutions eussent échoué en un moment, il se précipita dans le mal. » Sylla, dépouillé par lui du commandement contre Mithridate, marche aussitôt vers Rome, la prend, chasse Marius, et le fait déclarer ennemi public, ainsi que Marius le fils, Sulpicius et neuf autres sénateurs. Sulpicius, livré par un des ses esclaves, fut mis à mort. Sa tête fut apportée à Rome, et attachée à la tribune aux harangues (an de Rome 865).

LV. Attenuate. Ernesti : Attenuate dicere est boni oratoris in genere tenui versantes. Ce style simple est caractérisé dans Cicéron par une foule d’autres épithètes : Subtilis, tenuis, sumnissus, humilis, brevis, acutus, callidus, enucleatus, limatus, rem explicans propriis aptisque verbis. Chacune de ces épithètes indique une des qualités de ce style, que les rhéteurs appellent simple, par opposition aux styles sublime et tempéré. Ce genre simple était, aux yeux de quelques-uns, le seul genre attique. Cette opinion sera réfutée chap. 82 et suivants. Mais pourquoi ici le mot attenuate ? Attenuatus signifie proprement diminué, aminci. La qualité qu’il indique est, pour le langage, ce que sont en peinture les traits fins, légers, délicats, mais réduits, d’une miniature. Le style simple, comme l’entend Cicéron, ressemble à un tableau où se trouvent réunis l’esprit de la composition, la pureté et la correction du dessin, la délicatesse du coloris, le fini des détails, la grâce et la perfection de l’ensemble.

LVII. Pomponius. Cn. Pomponins a déjà été nommé chap. 49, et le sera encore, chap. 62 et 90. Il fut tué dans les guerres de Marius et de Sylla. Voyez encore de Orat., III, 13.

Idcirco hanc consuetudinem. Cicéron donne peu de détails sur cette singulière coutume. Il a déjà dit ailleurs que c’était à lui qu’on abandonnait généralement la péroraison. Il paraît que le nombre le plus ordinaire était de quatre avocats pour l’accusation, et quatre pour la défense. Scaurus fut le premier qui eut jusqu’à six défenseurs, Cicéron, Hortensius, P. Clodius Pulcher, M. Marcellus, M. Calilidius, et M. Messalla. Après les guerres civiles, on vit monter jusqu’à douze le nombre des avocats d’une seule personne. Une loi Julia, rendue probablement par Auguste, en diminua le nombre ; et il paraît, par le procès de Pison, accusé d’avoir empoisonné Germanicus, qu’on n’admettait que quatre accusateurs, et qu’on n’accordait à l’accusé que trois avocats dans les causes les plus importantes. Ce qui rend cet usage vraiment bizarre, c’est que, comme on le voit ici, tous les avocats n’assistaient pas ensemble à la plaidoirie, et ne paraissaient que chacun à leur tour, de sorte qu’il ne pouvait y avoir d’unité ni de concert dans la défense. Beaufort, Rép. Rom., liv. V, chap. 5 ; Ascon., in Orat. pro Scauro ; Tacit., Ann., III, 11 et 13.

LVIII. Curio. C. Scribonius Curion, fils de celui dont il est question ch. 32, et père de celui du ch. 81, fat consul en 677, et mourut en 700. C’est ce Curion qui fut un jour abandonné de tout son auditoire. (Voyez chap. 51.) — Usu domestico. On peut voir dans Quintilien, livre V, chap. 1, un morceau classique sur la nécessité d’entourer les enfants de personnes qui parlent bien.

C. Laelii. Comme il faut quelque attention pour suivre le fil de ces lignes masculines et féminines qui se croisent et se confondent, nous donnons ici deux tableaux généalogiques qui les présentent parallèlement, et qui serviront de commentaire à tout le chapitre.

1. C. LELIUS le Sage.

2. LÉLIA, femme de Mucius Scévola l’Augure.

3. MUCIA, femme de Licinius Crassus l’Orateur. MUCIA 2.

4. LICINIA, femme de Scipion, troisième descendant de Corculum. Licinia 2.

5. Crassus Scipion et Scipion Métellus, beau-père de Pompée et pontife avec Brutus.

1. P. Scipion Nasica Corculum (c’est-à-dire, le Sage), fils de Nasica l’Homme de bien.

2. P. Scipion Nasica Serapio, meurtrier de Tib. Gracchus.

3. P. Scipion Nasica épousa Cecilia, fille de Métellus Macédonicus.

4. P. SCIPION NASICA épousa Licinia, fille de Crassus l’Orateur.

5. Scipion Métellus, frère de Crassus Scipion.

Nous voyons dans ce chapitre même pourquoi un de ces deux Scipion portait le nom de Crassus. L’autre avait été adopté par un Métellus, et avait pris les noms de Q. Cécilius Métellus Pius Scipio. C’est celui qui se trouva en Afrique avec Caton, et y fit la guerre à César.

C’est peut-être ici le lieu de donner les noms latins qui désignent les degrés d’ascendance. On les trouve réunis par ordre dans Plaute, Pers., 1, 2, 5.

Pater, avus, proavus, abavus, atavus, tritavus.

À ces noms correspondent dans le même ordre les degrés de descendance.

Filius, nepos, pronepos, abnepos, adnepos, trinepos.

LXII. C. Carbo. C. Carbon, surnommé Arvina et fils de celui dont il est question ch. 27, fut tué avec Scévola le pontife, par ordre de Marius le fils, l’an de Rome 671. Voyez la deuxième note du chap. 39. Il ne faut pas le confondre avec Cn Carbon, consul en même temps que le jeune Marius, et qui, cette année-là même, fut tué en Sicile par Pompée. Cicéron, Lettr. famil., IX, 21, dit que C. Carbon fut le seul bon citoyen de tous ceux qui portèrent le surnom de Carbon.

Q. Varius. Q. Varius, Cicéron, de Nat. deor., III, 33, l’accuse du meurtre de Drusus et de l’empoisonnement d’un Métellus. Il ajoute qu’il périt lui-même dans les plus cruels supplices. il avait été condamné et chassé en exil,