Page:Cicéron - Des suprêmes biens et des suprêmes maux, traduction Guyau, 1875.djvu/131

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il donc aussi un voluptueux ? Quel personnage ! quel consul ! quel citoyen en tout temps et surtout après son consulat ! Moi-même, avec son appui, dans des circonstances funestes, j'ai plus songé à la république qu’à moi-même.

Mais qu'il faisait beau vous entendre, lorsque vous mettiez d'un côté un homme nageant dans les plaisirs, sans le moindre sentiment, sans la moindre crainte de douleurs ; et de l'autre, un homme livré à toutes sortes de douleurs, sans aucun soulagement et sans aucune espérance ; que vous demandiez ensuite si l'on pouvait se figurer un homme, ou plus heureux que le premier, ou plus misérable que l'autre ; et qu'enfin vous veniez à conclure que la douleur était le plus grand mal, et la volupté le plus grand bien !

CHAPITRE XX.

PORTRAIT DU VOLUPTUEUX ET DE L’HOMME VERTUEUX.

Vous n'avez pu connaître L. Thorius Balbus, de Lanuvium. Il vivait de telle sorte, qu'on ne pouvait s'imaginer de volupté si exquise ni si recherchée dont il ne jouît. Il aimait les plaisirs, il savait les choisir avec goût, il était riche. La superstition était si loin de son âme, qu'il méprisait tous ces petits sacrifices, tous ces petits temples de sa patrie ; et il craignait si peu la mort, qu'il a été tué à l'armée, en combattant pour Rome.

Il donnait pour borne à ses désirs, non la division d'Épicure, mais la satiété. Cependant il avait soin de sa santé : il faisait un