Page:Cicéron - Des suprêmes biens et des suprêmes maux, traduction Guyau, 1875.djvu/6

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jamais méprisable lorsqu’elle est fidèle et correcte : d’ailleurs, ajoute-t-il, il ne se borne pas lui-même à traduire, mais il pense et parle souvent pour son propre compte[1].

Après avoir quelque temps entremêlé à l’éloge de la philosophie celui de la langue latine, et enfin son propre éloge de temps à autre naïvement ramené, Cicéron passe à l’objet du livre, au dialogue sur les suprêmes biens et les suprêmes maux. Il nous introduit dans sa villa de Cumes, près de laquelle déjà ont eu lieu les Entretiens académiques.

Torquatus et Triarius, l’un épicurien, l’autre stoïcien, sont venus le voir à Cumes. La conversation tombe d’abord sur les lettres, qu’ils aimaient passionnément tous deux. « Torquatus me dit ensuite : Puisque nous nous trouvons ici de loisir, il faut que je sache de vous pourquoi vous n’approuvez pas Epicure, cet homme que je crois le seul qui ait vu la vérité. » Par ces paroles, Cicéron veut nous montrer la confiance ordinaire avec laquelle les épicuriens affirmaient la doctrine de leur maître, abordant les discussions avec assurance, parlant de tout comme s’ils savaient tout, et croyant qu’il suffisait de faire connaître leur système pour le faire partager. — Mais, répond Cicéron, s’il n’approuve point Epicure, ce n’est pas faute de connaître sa doctrine : il l’a apprise à Athènes auprès de Phèdre et de Zénon. S’il rejette l’épicurisme, c’est avec réflexion et en connaissance de cause. — Il entreprend alors une critique provisoire de tout le système d’Epicure, critique souvent superficielle, parfois injuste, et n’ayant en réalité pour but que de provoquer une réponse de Torquatus : « Quæ

  1. L. I, ch. i-v.