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Page:Claretie - Erckmann-Chatrian, 1883.pdf/33

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Chatrian, vous ne les trouverez point parmi les trembleurs !

Les Allemands qui se sont heurtés, au Raincy, à l’attitude mâle des deux écrivains, savent si Chatrian disait vrai. Ce jardin du Raincy ! Je ne l’ai vu qu’une fois, mais je revois encore le bon gros Erckmann, assis sous les arbres, à l’ombre d’un cerisier que j’ai retrouvé au Théâtre-Français dans l’Ami Fritz : Erckmann, l’œil fin et le visage calme, fumant sa pipe de porcelaine et jetant, entre deux bouffées de tabac, quelque théorie bien philosophique. Il est comme la rêverie d’une association dont Chatrian semble, encore une fois, l’action vivante. Erckmann s’en fût volontiers tenu aux contes fantastiques des débuts. C’est Chatrian, type et tempérament de soldat, la moustache et le visage du sous-officier, qui a dirigé la collaboration vers les chroniques nationales, l’histoire non écrite dont parlait Michelet. C’est Chatrian qui a dit un jour :

— Laissons l’Araignée crabe et écrivons Madame Thérèse.

Jamais, non certes jamais, ces deux amis ne se fussent doutés qu’on les accuserait de se faire les fourriers de l’ennemi. Dans leur logis