Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/115

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il a été donné une réimpression accompagnée d’une traduction parfois insuffisante sous le titre : Les Cris de Londres au XVIII° siècle (Paris, 1893), nous montre un petit marchand de verges parcourant les rues, en criant : « Come buy my little Tartars, my pretty little Jemmies ; no more than a half penny a piece. (Venez, achetez-moi mes petites cannes, mes jolies petites verges ; je ne les vends qu’un demi-penny pièce.) » Le mot Tartars est sans doute une allusion aux Russes, à cause du knout dont ils usent. Les Anglais ont toujours eu un penchant déclaré pour la fustigation, et l’on a conservé le nom du vieux Buckhorse, vendeur de cannes et de verges que l’on ne destinait pas toujours à corriger les méchants enfants, mais qui servaient parfois les desseins de gentlemen aux sens égarés et aux mœurs corrompues.

Cependant, ce n’est que plus tard qu’il y eut des seraglios aménagés en vue de la flagellation. Le premier fut installé sous George IV, par Miss Collett, à Tavistock-Court, Covent-Garden. Ensuite elle alla dans les environs de Portland-Place et finalement à Bedford-Street, Russel-Square, où elle mourut. Mais ce ne fut qu’en 1828 que la reine de cette profession, Mrs. Teresa Berkeley, inventa le chevalet à flagellation appelé Berkeley-Horse et, paraît-il, encore en usage.

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Les précédentes digressions nous ont éloignés de notre acteur. Pendant sa jeunesse, Cleland avait connu ces prostituées qui, un masque sur le visage, parcouraient les rues en voiture, à cheval, se montraient nues aux fenêtres. Mais il ne s’est pas donné la tâche de décrire cette époque. Il nous peint dans son livre la prostitution vers 1740. Et le début des Memoirs rappelle le premier tableau du Harlot’s Progress, de Hogarth ; une vieille maquerelle accoste une