Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/116

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jeune fille de la campagne. Cette fille, arrivée à Londres pour être couturière, ou modiste, vient de descendre de la diligence d’York devant l’auberge de la Cloche, à Wood-Street, dans le quartier de Cheapside. La pauvre fille ne sait pas la vie misérable qui l’attend dans les Cavernes d’iniquité du quartier de Flesh-Market, où logent les prostituées…

Cleland fréquenta aussi les bals et les jardins publics. Il errait dans les rues populeuses, observant les mœurs, écoutant les refrains populaires et chantonnant, comme faisaient les servantes, des refrains de chansons connues :

« Gentle shepherd tell me where, where, where, where, etc. (Gentil berger, dites-moi , , , , etc.) »

Le jour, Londres présentait un spectacle aussi intéressant que pendant la nuit. Cleland ne nous a pas laissé la description de l’animation de la ville. C’est à peine s’il nous parle de l’impression que les belles boutiques produisent sur les campagnards. Il n’a pas fixé l’aspect pittoresque des petits artisans, des petits marchands qui parcouraient la capitale en jetant leurs cris rythmés. Le gagne-petit promenait sa meule en chantant : Knives to grind, razors or scissors to grind ! C’est-à-dire : Couteaux à repasser, rasoirs et ciseaux à repasser !

Le marchand de paillassons criait : Buy a mat ; a door mat or a bed mat ! (Achetez un paillasson, un paillasson pour devant de porte ou une descente de lit !)

Le marchand de tournebroches en fil de fer tordu répétait sans cesse : Buy a roasting Jack ! (Achetez un tourne-broche !)

Le chaudronnier chantait : Any pots, or pans, or kettles to mend ? Any work for the thinker ? (Avez-vous des chaudrons, des casseroles, des bouilloires à raccommoder ? Avez-vous de l’ouvrage pour le chaudronnier ?)