Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/204

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l’air… non pas une babiole d’enfant, ni le membre commun d’un homme, mais un engin d’une si énorme taille qu’on l’aurait pris pour celui d’un jeune géant. Ce prodigieux meuble me fit frissonner à la fois de frayeur et de plaisir. Ce qu’il y avait de surprenant, c’est que le propriétaire d’un si noble joyau ne savait pas la manière de s’en servir, tellement que c’était mon affaire de le guider au cas que j’eusse assez de courage pour en risquer l’épreuve ; mais il n’y avait plus à reculer.

Le jeune gars, transporté, hors de lui-même, s’aventura, par instinct naturel, à me caresser, et lisant dans mes yeux le pardon de son audace, il gagna au hasard le centre inconnu de ses désirs. Je ne l’eus pas plus tôt senti que ma crainte s’évanouit et je lui laissai le champ libre. Alors la châsse fut découverte. Il se mit sur moi ; je me plaçai le plus avantageusement qu’il me fut possible pour le recevoir, mais borgne, son cyclope se dirigeait seul, frappant toujours à faux. Je le conduisis dextrement et lui donnai la première leçon de plaisir. Cependant, quoiqu’un tel monstre ne fût pas fait pour un logis aussi modeste, je parvins à en loger la tête, et mon écolier, en s’efforçant à propos, eu fit entrer quelques pouces de plus ; je sentis aussitôt un mélange de plaisir et de douleur indéfinissable. Je tremblais à la fois qu’il ne me tuât en allant plus avant ou en se retirant, ne pouvant le souffrir ni dedans ni dehors. Quoi qu’il en soit, il poursuivit avec tant de raideur et de rapidité que je poussai un cri. Ce fut assez pour arrêter ce timide et respectueux enfant. Il se retira, également pénétré du regret de m’avoir fait mal et d’être contraint de déloger d’une place dont la douce chaleur lui avait donné l’avant-goût d’un plaisir qu’il mourait d’envie de satisfaire.

Je n’étais pourtant pas trop contente qu’il m’eût tant ménagée et que mon indiscrétion l’eût fait quitter prise. Je