Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/205

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le caressai pour l’encourager à la charge et me mis en posture de le recevoir encore à tout événement. Il l’insinua de nouveau, ayant l’intention de modérer ses coups. Petit à petit, l’entrée s’élargit, se prêta et le reçut à moitié. Mais tandis qu’il tâchait de passer outre, la crise le surprit, et, malheureusement pour moi, la douleur aiguë que je souffrais m’empêcha de l’attendre.

Je craignis, avec raison, qu’il ne se retirât. Grâce à ma bonne fortune, cela n’arriva point. L’aimable jeune homme, plein de santé et regorgeant de suc, fit une courte pause, après quoi il se mit à piquer derechef. Alors, favorisé par mes mouvements adroits, il gagna peu à peu le terrain et nos deux corps n’en firent qu’un. Les délicieuses, les ravissantes agitations qu’il me causa intérieurement me devinrent insupportables. Je m’aperçus, à sa respiration embarrassée, à ses yeux à demi clos, qu’il approchait du suprême instant. Je me dépêchai d’y arriver avec lui. Nous nous rencontrâmes enfin, et, plongés tous deux dans un abîme de joie, nous demeurâmes quelques instants anéantis, sans aucun sentiment, excepté dans ces parties favorites de la nature où nos âmes, notre vie et toutes nos sensations étaient alors entièrement concentrées.

La crise étant à peu près passée, le jeune homme retira ce délicieux instrument de sa vengeance à laquelle je ne songeais plus d’ailleurs, l’idée en ayant été noyée dans le plaisir. Il avait fait autant de ravages que s’il avait triomphé d’une seconde virginité.

C’était une scène bien douce pour moi de voir avec quels transports il me remerciait de l’avoir initié à de si agréables mystères. Il n’avait jamais eu la moindre idée de la marque distinctive de notre sexe. Je devinai bientôt, par l’inquiétude de ses mains qui s’égaraient, qu’il brûlait de connaître comment j’étais faite. Je lui permis tout ce qu’il