Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/206

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voulut, ne pouvant rien refuser à ses désirs. Il me leva les jupes et la chemise. Je me plaçai moi-même dans l’attitude la plus favorable pour exposer à ses regards le centre des voluptés et le coup d’œil luxuriant du voisinage. Extasié à la vue d’un spectacle si nouveau pour lui, il n’abusa cependant pas longtemps de ma complaisance. Son phénix étant ressuscité se percha au centre de la forêt enchantée qui décore de ses ombrages la région des béatitudes. Je sentis derechef une émotion si vive qu’il n’y avait que la pluie salutaire dont la nature bienfaisante arrose ces climats favorisés qui pût me sauver de l’embrasement.

J’étais tellement abattue, fatiguée, énervée, après une semblable séance, que je n’avais pas la force de remuer.

Néanmoins, mon jeune champion, ne faisant pour ainsi dire qu’entrer en goût, n’aurait pas sitôt quitté le champ de bataille si je ne l’eusse averti qu’il fallait battre en retraite. Je l’embrassai tendrement, et, lui ayant glissé une guinée dans la main, je le renvoyai avec promesse de le revoir dès que je pourrais, pourvu qu’il fût discret.

Étourdie et enivrée de ce plaisir bu à si longs traits, j’étais encore couchée, étendue sur le dos, dans une délicieuse langueur répandue par tous mes membres, m’applaudissant de m’être ainsi vengée sans réserve, d’une façon si absolument conforme à celle dont la prétendue injure m’avait été faite, et sur le lieu même. Je n’avais pas la moindre préoccupation des conséquences et je ne me faisais pas le moindre reproche d’avoir ainsi débuté dans une profession plus décriée que délaissée. J’aurais cru être ingrate envers le plaisir que j’avais reçu si je m’en étais repentie, et, puisque j’avais enjambé la barrière, il me semblait, en plongeant tête baissée dans le torrent, y noyer tout sentiment de honte ou de réflexion.

À peine était-il sorti que M. H… arriva. La manière