Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/246

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postérieur charnu, lisse et proéminent formait une double et luxuriante nappe de neige animée qui remplissait glorieusement l’œil et suivant la pente de ses blanches collines, dans l’étroite vallée qui les séparait, s’arrêtait et s’absorbait dans la cavité inférieure ; celle-ci, qui terminait ce délicieux tableau, s’entr’ouvrait légèrement, grâce à la posture penchée, de sorte que l’agréable vermillon de l’intérieur se laissait apercevoir et, rapproché du blanc qui éclatait tout autour, donnait en quelque sorte l’idée d’un œillet rose découpé dans un satin blanc et lustré.

Le galant, qui était un gentleman d’environ trente ans et quelque peu affecté d’un embonpoint qui n’avait rien de désagréable, choisit cette situation pour exécuter son projet. Il la plaça donc à son gré, et l’encourageant par des baisers et des caresses, il choisit une direction convenable, et tenant ses mains autour du corps de la jeune fille, il en jouait avec ses seins enchanteurs. Lorsqu’elle le sentit chez elle, levant la tête et tournant un peu le cou, elle nous fit voir ses belles joues, teintes d’un écarlate foncé, et sa bouche, exprimant le sourire du bonheur, sur laquelle il appliqua un baiser de feu. Se retournant alors, elle s’enfonça de nouveau dans son coussin, et resta dans une situation passive, aussi favorable que son amant pouvait le désirer. Puis ils se laissèrent aller sur la couche, et ils y restèrent encore quelque temps, et dans la plus pure extase de la volupté.

Aussitôt qu’Emily fut libre, nous l’entourâmes pour la féliciter sur sa victoire ; car il est à remarquer que, quoique toute modestie fût bannie de notre société, l’on y observait néanmoins les bonnes manières et la politesse ; il n’était pas permis ni de montrer de la hauteur, ni de faire aucuns reproches désobligeants sur la condescendance des filles pour les caprices des hommes, lesquels ignorent souvent le