Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la blancheur de sa peau et de l’incarnat de son teint qui, joints à sa rondeur, l’auraient fait prendre pour un Bacchus, si un air d’austérité ou de rudesse ne se fût opposé à la parfaite ressemblance. Son habillement était propre, mais fort au-dessous de sa fortune ; ce qui venait plutôt d’un goût bizarre que d’une sordide avarice.

Dès que Mme Cole fut sortie, il se plaça près de moi et son visage commença à se dérider. J’appris par la suite, lorsque je connus mieux son caractère, qu’il était réduit, par sa constitution naturelle, à ne pouvoir goûter les plaisirs de l’amour avant que de s’être préparé par des moyens extraordinaires et douloureux.

Après m’avoir disposée à la constance par des apologies et des promesses, il se leva et se mit près du feu, tandis que j’allais prendre dans une armoire voisine les instruments de discipline, composés de petites verges de bouleau liées ensemble, qu’il mania avec autant de plaisir qu’elles me causaient de terreur.

Il approcha alors un banc destiné pour la cérémonie, ôta ses habits, et me pria de déboutonner sa culotte et de rouler sa chemise par-dessus ses hanches ; ce que je fis en jetant un regard sur l’instrument pour lequel cette préparation se faisait. Je vis le pauvre diable qui s’était, pour ainsi dire, retiré dans son ermitage, montrant à peine le bout de sa tête, tel que vous aurez vu au printemps un roitelet qui élève le bec hors de l’herbe.

Il s’arrêta ici pour défaire ses jarretières, qu’il me donna, afin que je le liasse par ses jambes sur le banc ; circonstance qui n’était nécessaire, comme je le suppose, que pour augmenter la farce qu’il s’était prescrite. Je le plaçai alors sur son ventre, le long du banc avec un oreiller sous lui, je lui liai pieds et poings et j’abattis sa culotte jusque sur ses talons ; ce qui exposa à ma vue deux fesses dodues et