Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/39

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Charlotte Hayes, femme bien connue par sa galanterie et ses intrigues, suivit son exemple ; elle loua une maison dans King’s-place, Pall-mall, elle la meubla magnifiquement et parut sur ses rangs peu de temps après avec éclat.

« Charlotte Hayes, Lucy Cooper et Nancy Jones sortirent vers ce temps de leur obscurité et se montrèrent avec avantage dans les endroits publics. Nous avons déjà parlé du caractère de Lucy. Quant à la pauvre Nancy Jones, elle fut seulement le météore d’une heure ; elle était une des plus jolies grisettes de la ville, mais ayant eu la petite vérole, cette cruelle maladie défigura tellement ses traits qu’il était impossible de la reconnaître. Comme Nancy n’avait plus alors la moindre prétention de captiver, que sa figure hideuse lui avait fait perdre ses connaissances et l’empêchait d’entrer dans les séminaires amoureux, comme elle avait été obligée de vendre ses meubles pour se faire soigner pendant sa maladie, qu’elle, n’avait plus, ni voiture élégante ni habillements magnifiques, qu’elle était, en un mot, dans la plus grande détresse, elle se vit donc contrainte à parcourir les rues dans l’espoir de rencontrer quelque citoyen ivre ou quelque apprenti endimanché qui pût lui donner un méchant repas. Dans le cours de cette carrière choquante, elle contracta une certaine maladie qui la força d’aller à l’hôpital, où elle paya bientôt la dette de la nature.

« Quant à Lucy, ses affaires, après la mort du baronnet Orlando, prirent une tournure très désagréable ; elle avait, par son intempérance et sa débauche, bien affaibli sa constitution ; sa figure vive et tout à fait agréable était bien changée, elle n’avait plus les charmes suffisants pour captiver un homme, au point de la placer dans le même état de splendeur dont elle avait joui pendant quelque temps. Il est vrai que Fett…ace la secourut autant qu’il le put, mais