Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/83

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voler dans ceux de la beauté maure. Le lord fut tellement frappé de la nouveauté des talents supérieurs de Harriot, auxquels il ne s’attendait pas, qu’il la visita plusieurs jours de suite et ne manqua jamais de lui donner chaque fois un billet de banque de vingt livres sterling,

« Harriot roula alors dans l’or ; trouvant donc qu’elle avait des attraits suffisants pour s’attirer la recommandation et l’applaudissement d’un connaisseur aussi profond que l’était milord dans le mérite femelle, elle résolut de vendre ses charmes au plus haut taux possible, et elle conclut que le caprice du monde était si grand que la nouveauté pouvait toujours commander le prix.

« Dans le cours de peu de mois, elle pouvait classer sur la liste de ses admirateurs quarante pairs et cinquante membres de la Commune qui ne se présentaient jamais chez elle qu’avec un doux papier appelé communément billet de banque. Elle avait déjà réalisé près de mille livres sterling, outre le linge, la garde-robe immense, la vaisselle d’argent, les beaux ameublements et les bijoux qu’elle s’était achetés. Un de ses amis lui conseilla, alors de saisir l’occasion favorable qui se présentait à elle de succéder à Mme Johnson dans King’s-Place ; elle écouta cet avis et, employa presque sa petite fortune à ce nouvel établissement.

« Harriot eut pendant quelque temps un succès prodigieux, mais ayant pris un caprice pour un certain officier des gardes qui n’avait que sa paye pour se soutenir, elle refusa d’accepter les offres de tout autre adorateur ; étant donc, pendant ce temps, obligée de délier les cordons de sa bourse en faveur de ce fils de Mars, elle trouva bientôt un grand déficit dans l’état de ses recettes. Elle alla la saison dernière, avec ses nonnes, à Brightelmstoue ; les domestiques, à qui elle avait laissé la charge et la conduite de sa maison, profitèrent de son absence : ils augmentèrent non