Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/84

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seulement le montant de ses dettes en prenant à crédit dans toutes les boutiques du voisinage, mais ils lui dérobèrent plusieurs choses de valeur, qu’elle ne put pas ravoir. Elle ne voulut pas les poursuivre, quoiqu’ils terminèrent la scène de sa ruine, car Harriot fut et est encore enfermée pour dettes.

« Nous allons donc la laisser où elle est pour rendre visite aux autres abbesses. Nous commencerons par Mme Adams, à l’extrémité septentrionale de la constellation des séminaires, chez qui nous trouvons l’aimable Emily, les beaux yeux de Ph…y et la jolie Coleb…ke.

« Cette Emily n’est point Emily C…l…lh…st, dont nous avons déjà parlé, mais Emily R…berts, qui descendait d’une famille toute différente. Son père était un rémouleur très fameux, et peu d’artistes dans ce genre ont eu autant de réputation que lui ; cependant, malgré son état et la considération dont il jouissait, il ne pouvait donner à son Emily aucune fortune-capitale, ce qui la contraignit d’entrer au service ; elle se plaça donc chez un marchand respectable et vécut pendant quelque temps dans l’état de l’innocence. À la fin, le fils de son maître la débaucha, les fruits de leur correspondance devinrent bientôt visibles et elle se vit forcée d’abandonner la maison. Dès qu’elle eut donné au monde le gage de son indiscrétion, elle n’eut plus d’inclination pour le service. Le panneau de sa chasteté étant donc démoli, il lui fut aisé de se persuader que ses charmes la maintiendraient dans cet état d’aisance, de dissipation et de plaisir pour lequel elle était si naturellement portée. Il faut avouer qu’Emily était, dans le sens du mot reçu de King’s-Place, une très bonne marchandise ; il est impossible d’être plus aimable qu’elle… Son frère travaille toujours dans l’humble état de rémouleur ambulant, comme successeur de son père. Mais si Emily n’a pas avancé son frère dans