Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/85

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quelque autre dignité, elle a, du moins, augmenté son petit commerce en lui procurant les pratiques de tous les séminaires de Ring’s-Place, où il travaille presque tous les jours de sa vocation.

« Miss Ph…y est célèbre et remarquable par le brillant et la vivacité de ses yeux ; elle est, à d’autres égards, une fille fort gentille et très agréable ; elle fut mise en apprentissage chez une lingère dans Bond-Street et elle fut séduite par le lord P…, qui bientôt l’abandonna et la mit dans la nécessité d’aller exposer ses charmes dans ce marché, général de la beauté.

« Miss Coleb…ke est fort jolie et se distingue par sa vivacité et ses reparties. M. R…, l’acteur, eut l’honneur d’être le premier sur la liste de ses adorateurs ; elle fut la dupe d’un avertissement qu’il lui adressa au sujet de sa belle figure théâtrale ; en conséquence de cet avertissement, elle eut un rendez-vous avec lui. M. R… lui promit de lui enseigner l’art dramatique et de la présenter au directeur du théâtre ; il lui dit qu’il ne doutait point qu’elle ne devînt, en peu de temps, l’ornement de la scène et qu’elle n’obtînt un traitement considérable ; il lui donna quelques leçons dramatiques ; mais dans une des scènes tendres, il joua si bien son rôle qu’elle fut forcée de reconnaître ses talents et de céder à ses conseils, et qu’elle réalisa les descriptions les plus amoureuses de nos poètes.



« Après avoir pris congé de Mme Adams, nous approchâmes de l’équinoxe et nous fîmes voile vers le midi, où, après avoir touché le port suivant, nous entrâmes dans la baie Dubéry, où nous sommes assurés d’être très bien ravi-