Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que nous n’étions par informé, du moins en partie, des anecdotes suivantes.

« Nous ne prétendons pas tracer avec une exactitude biographique la généalogie de Miss Fanny Herbert. Cette dame, que nous avons rencontrée d’abord dans un séminaire, dans Bow…-Street, commença, bientôt après, cette époque, à travailler pour son compte et tint une maison très renommée au coin du passage de la Comédie, dans la même rue, où elle demeura longtemps.

« C’était une belle femme, grande et bien faite, ayant un beau teint, des yeux vifs et expressifs et les dents très blanches et très régulières. Nous croyons qu’elle n’avait point recours à l’art supplémentaire qu’emploient presque toutes les nymphes du jardin. Sa maison était élégamment meublée ; une bonne table servie en vaisselle d’argent séduisait l’œil de ses visiteurs : ses nymphes, en général, étaient des marchandises supportables. Un riche citoyen était son ami le plus assidu et peut-être le principal soutien de sa maison ; mais quoiqu’elle ne fût pas prodigue de ses faveurs, elle n’était pas insensible à la rhétorique persuasive d’un beau jeune homme de vingt-deux ans, à larges épaules et très bien taillé. Le capitaine H…, M. B…, M. W… et plusieurs autres personnes qui vinrent se ranger sous son étendard furent, en diverses occasions, très bien accueillis dans la compagnie particulière ; il faut cependant avouer qu’elle n’avait point l’âme mercenaire : par conséquent, ces messieurs, qui étaient tous beaux garçons de profession, au lieu d’augmenter ses revenus, contribuaient plutôt à les diminuer, d’autant que la plus grande partie d’entre eux se trouvaient ruinés.

« À la fin, elle trouva un gentilhomme d’une fortune considérable qui fut si passionné de ses charmes qu’il pensa que le seul moyen de la posséder, à lui tout seul, était de l’épouser ;