Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/91

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il lui offrit donc sa main, dans une intention honorable, et pour la convaincre que sa proposition était sérieuse, il prit une maison agréable dans Queen-Anne’s-Street (où elle demeure actuellement) ; il la fit meubler d’une manière élégante et fixa le jour de leurs noces ; mais il tomba subitement malade ; ses médecins lui conseillèrent, pour sa santé, de se rendre aux eaux de Bath ; il y fut à peine rendu qu’il y paya, avant la célébration de leurs épousailles, la grande dette de la nature. Miss Fanny Herbert, en entrant dans la maison qu’il lui avait meublée dans Queen-Anne’s-Street, y ayant pris son nom, l’a toujours porté depuis.

« Mis Fanny Herbert se trouvant par cette mort inattendue dans un embarras extrême, ne sut, pendant quelque temps, quel parti prendre. Comme elle n’avait point entièrement abandonné sa maison dans Bow-Street, elle continua toujours son ancien train de prostitution variée ; bientôt après, elle suivit une route honnête, elle quitta sa maison de Covent-Garden et se retira entièrement dans celle de Queen-Anne’s-Street.

« Sa maison devint alors un des séminaires les plus policés pour l’intrigue élégante, car aucune femme, quand elle le voulait, ne se comportait avec plus d’honnêteté que Fanny ; elle a l’esprit enjoué et emploie à propos l’équivoque ; à cet égard, on peut la regarder comme une seconde Lucie Cooper ; en effet, Fanny l’imite trop, et quelquefois sans succès, mais en général, elle est une compagne vive et agréable, et quoiqu’elle ne soit plus dans son printemps, elle n’en est pas moins une personne digne encore de recherches.

« Miss Fanny Butler reçoit souvent dans sa maison l’agréable Miss Mn, la capricieuse Mme Wn et l’aimable Miss Th. Ces dames fréquentent alternativement