Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 1.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
CONNAÎTRE

ciations d’images propres à instituer un état de sensibilité mentale, c’est-à-dire un complexe organique d’émotivités et de pensées. Un accusé de réception de l’organisme déterminé au monde déterminant, par le moyen des réactions continues qui font la conscience à tous les degrés des échelles de la vie.

Une telle vue vaut qu’on s’y arrête, tant pour la positivité de sa formule que pour l’étendue des généralisations suggérées. Le « prodige » de la conscience humaine qui n’est « prodige », comme tous les autres phénomènes, que jusqu’au jour où nous en pouvons aborder l’analyse expérimentale, doit s’installer enfin à son rang légitime dans l’harmonie de connaissances relatives où s’accomplit notre destinée.

Depuis les organismes élémentaires jusqu’à l’homo sapiens, dont la sapience se manifeste par degrés, nous rencontrons — à travers des résistances d’atavisme - des successions d’organismes coordonnés où l’observation ne nous révèle que des liaisons d’enchaînements, — paliers de sensations, de consciences différenciées, de connaissances, avec toutes réactions de vie organisée. Il a fallu Lamarck et Darwin pour oser mettre l’homme à sa place dans les développements de l’univers. Mais ce ne serait encore qu’une station de puissante conjecture si nous ne pouvions franchir le pas d’une longue période d’existence inorganique jusqu’aux premières apparitions du plasma organisé.

La fameuse hypothèse d’une « génération spontanée », qui eut son jour, n’était rien de plus qu’une tentative de réduction du « miracle ». Quoi de plus manifeste que l’éclat d’une méconnaissance dans ce mot de spontané où tout aspect de filiation se trouvait absurdement rompu ? L’œuvre était à reprendre par des voies procédant des successions d’activités physico-chimiques aux sériations organisées dites aujourd’hui d’évolution. L’observation des activités atomiques et moléculaires a ouvert aux chercheurs des domaines imprévus où l’inlassable énergie de hautes intelligences s’est infatigablement exercée. Nous sommes présentement au cœur du phénomène. N’en pouvons-nous faire apparaître quelques fragments de contours ?

En somme, il est pleinement acquis que tout le Cosmos, homme compris, est d’ondes vibratoires en lesquelles s’expriment