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au soir de la pensée

de ces deux mouvements, il se résout en une succession d’activités interdépendantes inflexiblement déterminées.

Au point de l’histoire du monde où nous en sommes venus, nous pouvons discerner quelques-uns des principaux relais de nos annales planétaires, et reconstituer même des enchaînements des phénomènes antérieurs dont notre globe actuel est le produit. Depuis l’instant où notre terre, pantelante, fut projetée dans l’espace en bolide de l’incendie solaire, le refroidissement graduel inaugura les successions d’états où se préparaient les fastes de notre existence. Nous repérons aujourd’hui d’une façon sommaire la suite des grandes formations géologiques de la planète qui se décomposent elles-mêmes en d’importantes sous-formations. On en a longtemps reconnu une soixantaine dans la description et même dans l’énumération desquelles il nous est inutile d’entrer. On en est aujourd’hui à plus de cent qui se multiplieront sans doute, et ne font qu’une, en vérité, puisqu’elles sont le produit d’un même développement.

À l’aurore des temps géologiques, la durée des phases de la condensation et des mouvements de l’écorce planétaire, par l’inégalité des masses figées dont le refroidissement est au-dessus de tout calcul. L’histoire du fragment d’étoile solaire en voie de devenir planète, ne comporte encore aucune suffisante précision. Dès son entrée dans ce cycle d’histoire, notre globe nous offre des indications notables, mais sans se prêter encore à des déterminations positives dans les cadres de la durée. Les phases du refroidissement et les mouvements qui s’ensuivirent en surface et en profondeur, avec les chocs des formations diverses par l’eau et par le feu, ont fait l’objet d’inductions caractéristiques, fondées sur toutes observations antérieurement aux premières manifestations de la vie.

Le premier phénomène du froid par le rayonnement fut d’un fatal envahissement des eaux, aussitôt que la température abaissée permit à une atmosphère chaotique de liquéfier ses nuages pesants, fabricateurs d’océans affolés. Une formidable enveloppe de mers, encore bouillonnantes, s’élevait en montagnes d’écumes, ou se crevait d’abîmes violemment rejetés au plus haut des amoncellements de lave aussitôt écroulés qu’apparus, parmi des canonnades de Titans. Passage des apparentes tor-