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LA MÊLÉE SOCIALE

croiser les bras et de tourner le dos à l’œuvre de procréation universelle ?

Est-il nécessaire de faire observer que la loi de laïcité, fût-elle appliquée, — ce qui n’est pas, — aboutit tout simplement à faire enseigner la religion dans l’Église, ce qui ne peut que fortifier l’enseignement religieux ? D’ailleurs, si M. de Nadaillac veut bien regarder autour de lui, il verra que tous ces criminels qui encombrent nos prisons, ont reçu le sacrement du baptême, se sont approchés de la Sainte-Table, et ont été soumis, dès l’enfance, à l’action de l’Église. Il s’apercevra encore, que les classes riches — soutiens de l’autel — sont les moins prolifiques, tandis que la vitalité de la race semble s’être réfugiée dans la population ouvrière de nos villes, laquelle ne manifeste pas toujours des sentiments d’une piété exemplaire.

Il est un autre ordre de considérations qui a complètement échappé à M. de Nadaillac, c’est la question de l’impôt. Il n’est pas douteux que nos impôts sont absurdes, grevant le travail, ménageant le riche, chargeant le pauvre. Voulez-vous travailler ? impôt de patente. Etes-vous oisif ? exempt. M. Burdeau se donne un mal énorme pour exempter ridiculement de quelques sous le père d’une nombreuse famille. Il ne lui a pas plutôt fait cette faveur, qu’il l’écrase de tous ses autres impôts.

Aussi longtemps que le budget de la France s’est maintenu dans de certaines limites, le travailleur a pu, tant bien que mal, garder sa force vive en dépit de l’écrasant fardeau. Aujourd’hui, la source de vie même est atteinte en lui. Et si, au lieu de nous entêter dans nos monstrueuses iniquités fiscales, nous ne nous décidons pas à répartir plus équitablement la charge