Page:Clemenceau - La Mêlée sociale, 1913.djvu/9

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petit, oscille, dans la douleur ou dans la joie, entre les forces de conservation et d’évolution qui se le disputent. Pour le maintien de la composante, qui est la vie, tout s’efforce, tout s’acharne, et la plante, et la bête et l’homme presque divin. La loi du développement de l’un se heurte à la loi du développement de l’autre. Conflit. Bataille. Il faut un vainqueur et un vaincu.

Aux jours où les lourdes mers du globe encore fumant bouillonnèrent de vie naissante, les premiers vivants de la terre, à peine apparus, commencèrent le premier combat pour l’obscur accroissement qui contenait en puissance l’avenir du génie humain. L’imagination fait défaut pour la vision de la monstrueuse rencontre. Le noir cimetière de houille atteste plus tard d’incroyables batailles, et toute la terre recèle en ses flancs les empreintes d’une indescriptible mêlée.

De la terre au soleil trente-sept millions de lieues. Sur ce ruban de route, écrivez un chiffre qui rejoigne les deux globes, et vous n’aurez pas dénombré les êtres vivants de notre planète à l’heure où j’écris. Comptez les morts depuis les siècles innombrables, et jaugez, si vous pouvez, la