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C’est un bouquet fait de fleurs immortelles,
C’est Béranger, l’écho des plus doux sons :
Toujours, toujours, sur leurs petites ailes,
Les petits airs porteront ses chansons !

Plus d’un génie à la mâle éloquence,
S’adresse à tous et n’est pas écouté.
Du chansonnier le devoir est immense
Quand il obtient la popularité :
Semant le bien par ses chansons nouvelles,
De l’avenir il prédit les moissons !…
Les petits airs, sur leurs petites ailes,
Portent longtemps les petites chansons.

Oui, la chanson du peuple est l’épopée :
C’est le discours des tribuns en sarrau.
La poésie en a fait son épée,
Au jour d’alarme elle sort du fourreau !
Aux droits sacrés ses refrains sont fidèles ;
Et, pour répondre à la voix des canons,
Les petits airs élargissent leurs ailes :
Le peuple alors marche au bruit des chansons.


UNE IMMORTELLE


Air du Credo des Quatre Saisons.


A vril, de sa main adorable,
Ouvrait les fleurs sur mon chemin,
Quand à mon être misérable
Apparut un être divin.
Elle parlait la vierge blonde :
Il semble encor que je l’entends :
» Je suis vieille comme le monde
» Et jeune comme le printemps. (Bis)

» Oui, je suis vieille et démocrate,
» Malgré de longs espoirs déçus ;
» J’étais là quand mourait Socrate,
» J’étais là quand mourait Jésus ;
» Contre sa loi la haine immonde
» En vain croit triompher un jour :
» Je suis vieille comme le monde
» Et jeune encor comme l’amour.

» Le despotisme et l’ignorance,
» Ces deux sinistres compagnons,
» M’opposent, fous d’intolérance,
» Échafauds, bûchers ou canons.