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et, entouré de ses dignitaires, Ahmer Saloun parut. Les deux mains au-dessus des yeux, droit, impassible, il regardait, lui aussi…

L’avion contournait le camp. Il se posa sur le sable. On en vit sortir deux hommes vêtus de blanc dont l’un portait sur sa manche les galons de capitaine. Ils se dirigeaient délibérément vers les tentes. Alors, le chef, d’un geste noble, écarta légèrement ceux qui l’entouraient et lit trois pas en avant pour honorer l’hôte qui arrivait.

Il était très beau, ce Maure de vieille race. Sa silhouette baignée dans la lumière du désert dont la transparence évoque le cristal, avait une élégance grave, hiératique. Drapé dans les plis droits d’un vêtement de toile bleutée, la pureté des traits de son visage, ses cheveux noirs et bouclés rappelaient d’une façon saisissante les personnages bibliques que nous voyons encore aux verrières de nos cathédrales.

Le capitaine Jean Saint-Flavien salua :

— Salut à toi, Ahmer Saloun, chef des Oulad Dahman.

— Salut, chef français. Sois le bienvenu parmi les guerriers de la lignée d’El Chandora. Daigneras-tu accepter le thé dans la tente d’Ahmer Saloun ?

— Avec grand honneur et joie, Ahmer Saloun. N’es-tu pas notre allié ?

— Le chef maure n’a pas d’allié, car il vit dans la paix. Mais il a des amis. Les Français sont ses amis. Entre. Tu es l’hôte de Dieu ! Dif Allah !

Dif Allah ! C’est la formule proverbiale de l’hospitalité maure. Le voyageur de passage est toujours bien accueilli dans les campements. Il peut y séjourner trois jours sans donner le moindre renseignement sur les causes de son voyage.

Saint-Flavien se tourna vers Dakar, resté un peu en arrière :

—— Chef, dit-il, daigne accorder l’entrée de ta tente à mon compagnon, un des tiens.

Une légère crispation releva la bouche petite et bien