Page:Cobb - L'enfer des sables, 1936.djvu/28

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-main était enterré dans la position verticale. On ne voyait de lui qu’une tête hirsute, un visage mangé par la barbe. Les yeux fermés, il semblait évanoui ou mort.

Au rendez-vous mystérieux, il y avait un supplicié ! Et Saint-Flavien se souvint brusquement des cris et de la lutte qu’il avait perçus quelques heures auparavant.

Avec leurs couteaux, ils fouillèrent le sable, et, après de longs efforts, arrivèrent à dégager le malheureux. Il était presque nu, d’une affreuse maigreur. Mais en dépit des marques de coups dont il était couvert, malgré la crasse qui le recouvrait, à la lueur de leurs lampes, ils s’aperçurent de quelque chose qui les stupéfia : sous les lambeaux de toile qu’il portait autour de la ceinture, la peau était blanche !

— Ce serait… Ce serait… balbutiait Saint-Flavien, épouvanté.

Bakar avait sur lui une petite fiole d’eau de vie. Ils en frictionnèrent l’infortune, et réussirent à lui en faire avaler quelques gouttes. Il ouvrit les yeux — des yeux bleus… Mais il les referma tout de suite. Il semblait trop faible pour se rendre compte de ce qui lui arrivait :

— Qu’allons-nous faire ? demanda Bakar.

— Le porter jusqu’à l’avion. Nous l’enfermerons dans la carlingue.

Dans la nuit, chargés de leur fardeau humain, ils retrouvèrent l’appareil, installèrent l’homme sur des couvertures et, de nouveau, le frictionnèrent. Enfin, il revint à lui et murmura faiblement :

— Des blancs… Ah ! L’avion…

— Oui, l’avion, dit Saint-Flavien. Tu es trop faible pour parler. Je devine… Tu es Marc de Brussieu, le navigateur de Guizel ? Oui ? Fais un signe. C’est cela…

— Oui, Brussieu, murmura faiblement l’homme. Prisonnier… Martyrisé…

— Nous te sauverons, nous allons t’emmener… Mais, elle, Catherine Chatel ?

L’homme, épuisé, retombait en arrière. Saint-Flavien se pencha pour entendre les mots qu’il murmurait :