Page:Cobb - L'enfer des sables, 1936.djvu/29

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— Elle… Elle a cédé… Elle nous a trahis… Heureuse… Oui, heureuse…

Ils le crurent évanoui. Mais, en écoutant son souffle, Saint-Flavien se rendit compte qu’il venait de sombrer, dans le sommeil. Ils dispersèrent auprès de lui des boîtes de conserves ouvertes, de l’eau fraîche, masquèrent hermétiquement les hublots de la carlingue qu’ils fermèrent. Ceci fait, ils retournèrent aux dunes et, à la place où ils avaient déterré le demi cadavre, ils rapportèrent du sable de façon à former une butte. On croirait que le vent nocturne avait recouvert le supplicié.

Ceci fait, ils revinrent aux environs du campement. Tenter d’y pénétrer en pleine nuit eût été une folie. Il fallait attendre le jour. Cachés derrière des buissons de gommiers, ils guettèrent les premiers signes de réveil, laissèrent encore passer une demi-heure et rentrèrent tranquillement, passant devant les Maures qui les regardaient avec curiosité.

Comme ils arrivaient devant la tente du chef, ils remarquèrent une animation insolite qui les inquiéta. Des chevaux tout sellés attendaient et, bientôt, ils virent paraître Ahmer Saloun, armé :

— Allah vous ait en sa garde ! dit-il. Je suis obligé de partir. Un de mes frères, chef d’une tribu voisine, m’a envoyé un messager. Sa tribu a été attaquée par des pillards auxquels se sont joints des rebelles. Il me faut aller à son secours.

Il ajouta, les regardant avec une expression où Saint-Flavien crut voir une certaine inquiétude :

— Vous retrouverai-je à mon retour, hôtes de Dieu ?

— Non. Nous allons te faire nos adieux, Ahmer Saloun. Et nous garderons le meilleur souvenir de ton hospitalité.

— Le repas est préparé. Les esclaves vous serviront. Que la route de retour vous soit facile !

Il appela un de ses hommes et lui donna un ordre en langue maure. Bakar comprit qu’il disait qu’on laissât sortir Saint-Flavien et son compagnon du camp, eux