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sombres vagues de l’inconnu. Ne promettons pas plus au peuple la Révolution par les Cosaques, que la Révolution par nous-mêmes. Promettons-lui la Révolution par lui-même, quand il voudra se connaître et se faire, selon son droit, sa propre destinée. La France expie ses fautes en ce moment ; n’appelons pas sur le Sisyphe moderne un rocher plus lourd. Cherchons plutôt, nous qui n’avons été les complices des meurtres ni à l’intérieur, ni à l’extérieur, à racheter notre patrie du dernier supplice, et à la rendre à elle-même et à sa mission civilisatrice.

Alfred TALANDIER.

TROISIÈME LETTRE.

À Alfred Talandier.
Santander, 9 mai 1854.
Mon cher Talandier,

Le journal l’Homme, du 3 mai, contient une lettre de vous à Ribeyrolles sur la question slave. Bien que je ne sois pas nommé dans cette lettre, il m’est impossible de ne pas accepter la moitié qui me revient dans cette expression collective nos amis, que vous appliquez à Vauthier et à moi.

Pour ma part, je vous remercie vivement de vous rappeler nos relations trop peu suivies malheureusement, et aussi de ne m’avoir cru ni indifférent ni dévoué. Je veux vous prouver, par ma réponse, combien je suis sensible à ce bon souvenir.

Quant à mon complice dans le crime de publication de la Barrière du combat, frappez, s’il vous plaît, à la porte à côté. À chacun la responsabilité de ses opinions et de ses œuvres ; c’est de stricte justice. Si la collaboration est possible entre deux hommes qui s’entendent dans un certain moment et sur certaines questions, elle ne saurait non plus faire supposer entre eux une solidarité éternelle. Vauthier et moi n’avons jamais pensé à former un parti et à nous immobiliser l’un par l’autre, parce qu’un jour nous sommes tombés d’accord sur l’opportunité de publier ensemble la Barrière du Combat. J’estime même, pour ma part, que la collaboration est une pitoyable chose, un travail de neutres, qui se rap-