Page:Coeurderoy - 3 lettres au journal L'Homme.djvu/24

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proche beaucoup de la rédaction des arlequins politiques qu’on sert aux peuples sous le nom de programmes. Ainsi que je l’ai dit à Ribeyrolles, nous sommes un dans mon école, pas plus : dans mon intérêt comme dans celui des autres, je désire que cela reste bien entendu.

— L’idée que j’ai émise est, dites-vous, aussi étrange que peu originale ; elle est rééditée du journal l’Assemblée nationale et de ses pareils. Que l’idée vous paraisse étrange, je suis loin d’en être surpris, attendu qu’elle m’a fort épaté moi-même, quand je l’ai conçue. Mais de cela même qu’elle vous semble étrange, à vous et à tous les républicains, de cela seul qu’elle provoque contre moi une sorte de répulsion satanique, je conclus qu’elle est originale. Que diable ! mon cher, on ne crie pas quand on voit passer un épicier dans la rue !

Si vous y allez par là, — comme on dit, — il n’est rien de nouveau sous le soleil. Bonaparte, l’autre, avait pressenti ce que je pressens bien avant l’Assemblée nationale et ses pareils. Je le savais comme vous, Homme, et j’en ai fait mention. En voulez-vous la preuve ? Ouvrez mon livre aux pages 217 et 218, et vous y trouverez ces passages :

— " Oui, j’en jure sur le progrès de tous les temps, sur la conscience de tous les peuples, l’Europe ne sera un instant cosaque que pour devenir socialiste. Napoléon se trompait quand il pensait qu’elle pourrait rester russe  ; son intelligence de despote ne comprenait pas la nécessité de la Révolution. "

— " Ah ! si les royalistes, les exploiteurs, les parasites, les oisifs et les bourreaux comprenaient la Révolution, ils sauraient que les Cosaques recevront les premiers le baptême socialiste ; ils ne les appelleraient pas, ils ne leur demanderaient pas de les sauver. " (Révolution dans l’homme et dans la société.)

Je n’ai donc jamais disputé à Napoléon Ier, à l’Assemblée nationale et à leurs pareils le mérite de s’être préoccupés les premiers de la question. — Il m’eût été assez difficile d’avoir l’âge de raison avant eux. — Mais ce que ni Bonaparte, ni l’Assemblée nationale, ni le journal l’Homme, ni leurs pareils n’avaient pressenti, ce dont personne ne veut se rendre compte, c’est que le Cosaquisme, — comme vous l’appelez, — amènera la Révolution, et que seul, le Cosaquisme peut l’amener. Voilà la triste erreur dans laquelle je