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campagne du Midi, sans cesse murmurante de quelque bruit vivant. Le ciel est de ce bel azur de lapis-lazuli qui double les profondeurs de l’éther.

À mesure qu’on approche de Dax, le sol devient sinueux : quelques tertres et quelques collines s’élèvent ; des cultures diverses y étalent leurs manteaux verts. L’Adour circule dans ces terres riantes ; nous voilà dans la petite ville de Dax, entourée de remparts. Je monte dans le coupé de la malle-poste, qui va de Dax à Pau, où ma place a été retenue à l’avance. Nous traversons les étroites rues de Dax à toute vitesse. Rien de fringant et de courageux comme les six petits chevaux basques qui nous entraînent en agitant leurs grelots. Après une longue route en chemin de fer, on est heureux de voyager ainsi à l’espagnole et en voyant devant soi se dérouler la campagne, qu’on n’aperçoit jamais qu’en profil à travers les vitres d’un wagon.

L’intérieur de Dax est d’une tristesse accablante : les rues étroites, sales et aux maisons lézardées ; les commères de chaque quartier, toujours sur leur porte, causant bruyamment, mettant leur linge à sécher ou le raccommodant, ou gourmandant les enfants qui jouent et crient ; les devantures de petites boutiques étalant des loques mouillées, des fruits gâtés ou des viandes puantes ; enfin une petite ville