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dîner son docteur et une actrice qu’elle avait connue en Italie, et qui venait d’arriver aux eaux. Le docteur était un médecin de Paris, qui, durant toute la saison, avait eu la clientèle des princes et des princesses ; homme d’esprit et de science, ami de Nérine, dont le salon était à Paris un point de réunion où toutes les intelligences de l’époque se rencontraient. Le docteur Herbeau lui donnait des soins assidus. Quand elle souffrait et se montrait découragée, il redoublait de sollicitude, et lui disait, dans son amitié courtoise :

— Je ne veux pas qu’une de nos étoiles s’éteigne !

Le docteur arriva vers l’heure du dîner, donnant le bras à l’actrice, une grande et belle femme qui avait fait une de ces toilettes d’une richesse élégante dont les Parisiennes ont seules le secret ; Nérine et moi, nous nous étions habillées avec goût et nous formions, je dois l’avouer, un trio séduisant, assez redoutable à la grâce un peu étriquée de la petite marquise. Elle nous toisa d’un regard aigu, et prononça à voix basse quelques réflexions malveillantes qui firent sourire la puritaine madame Routier ; puis se tournant tout à coup vers Adolphe de Chaly qui causait avec nous, elle l’appela impérieusement, et je devinai qu’elle lui demandait le nom de la dame étrangère engagée à dîner ; à peine l’écolier l’eut-il