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nommée que la petite marquise fit un soubresaut et cambra sa tête en arrière avec l’insolence d’une prude effarouchée.

— Si nous sortions, ma chère ! dit-elle à madame Routier.

Mais le marquis Sigismond, qui avait envie de voir et d’entendre l’actrice, retint sa femme en lui disant :

— Qu’importe ! Vous ne serez pas à côté d’elle.

Le bel Italien, qui venait d’entrer, fit plus que la voix du mari ; il salua Aglaé ; cela suffit pour la retenir.

En ce moment un garçon de service annonça que le dîner était servi.

Nérine, l’actrice, le magistrat de Pau, le docteur, l’écolier et moi occupions la moitié de la table ; nous causâmes bientôt avec animation de littérature, de voyages, d’art, et de nos promenades dans les environs ; le marquis, la marquise, le bel Italien, deux ou trois autres convives et les époux Routier qui tenaient l’autre côté de la table, nous écoutaient sans prononcer une parole ; seulement le marquis Sigismond, très-frappé des charmes de l’actrice, lui prodiguait des œillades d’ours alléché, et se hasardait même à quelques paroles galantes.

La marquise avait beau heurter du coude son mari et lui lancer des regards courroucés, le marquis per-