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Elle céda, mais avec un sourire qui me fit comprendre qu’elle avait deviné ma méfiance.

Toutes ces inquiétudes retardaient ma guérison et mes forces revenaient lentement. Je désirais ardemment partir et séparer Antonia de Tiberio. Venise et tout ce qui s’y rattachait m’était devenu odieux. J’avais refusé de recevoir l’amant de Stella, et chaque fois que le consul venait s’informer de mes nouvelles, je défendais qu’on le laissât entrer ; je ne voulais être un objet de pitié pour personne, et je me sentais si changé et si malheureux, que je comprenais bien qu’on n’aurait pu me revoir sans me plaindre.

Un matin, le calme Tiberio s’étant trouvé seul avec moi, je lui déclarai que j’étais résolu à retourner en France. Il tressaillit légèrement et me répondit que je pourrais partir sans danger. Antonia survint, je lui fis part de l’opinion du docteur, et lui déclarai que nous partirions les jours suivants :

— Cela ne se peut, repartit-elle en rougissant ; à mon tour j’ai commencé des études sur Venise que je veux terminer, et un mois de séjour ici m’est encore nécessaire.

— Eh bien ! ma chère, répondis-je, vous finirez ces études de souvenir, car je suis parfaitement décidé à partir à la fin de la semaine.

— Nous verrons bien, répliqua-t-elle en riant d’une façon singulière, et elle me quitta pour aller travailler. À l’heure du souper elle reparut, et je fus très-surpris de la voir en toilette de soirée. Elle avait une robe