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— LE LIVRE DES FEMMES. —

livre, si j’étais assez femme pour venger ici mon sexe de cette bulle virile, qui longtemps a frappé d’interdiction les facultés intellectuelles des femmes ; mais je ne suis pas assez femme pour cela. Ce que je dirai, c’est que cette exclusion des hommes n’entraînera pas celle de la profondeur de pensée, de la vigueur de style, dont ils s’étaient arrogé le privilège. Les femmes ne sentent pas mieux qu’autrefois ; mais elles pensent davantage ; et le style participe plus de la pensée que du sentiment. Le sentiment inspire la pensée, et la pensée écrit ; la pensée peut émouvoir le sentiment, mais c’est toujours elle qui, formule.

Esclaves dans les temps anciens, et appelées esclaves ; esclaves au temps de la chevalerie, et appelées maîtresses, le devoir des femmes fut d’abord d’obéir aveuglément ; puis, et il y eut progrès, leur devoir fut de plaire par les grâces extérieures du corps et les charmes superficiels de l’es-