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LA LYRE


Se leva tout-à-coup, et déniant leurs droits,
Sous les débris du trône il écrasa ; les rois.
Si le bruit imposant de leur chute rapide
N’a pas frappé ton cœur comme un écho stupide,
Poète, prends ta lyre, et, Child-Harold nouveau,
A ce vaste incendie allumant un flambeau,
Porte tes pas errans jusqu’au fond des abîmes
Où des tyrans d’un jour entassaient leurs victimes :
De la nuit du tombeau traîne leur souvenir
Devant le tribunal où siège l’avenir.
Là, dans tes jugemens qu’approuvera l’histoire,
Distribue à chacun l’infamie ou la gloire ;
Exaltant dans tes vers un noble assassinat,
Suis le fer de Corday jusqu’au cœur de Marat ;
De son pouvoir rival évoque le complice,
Peins-le pâle et tremblant à l’aspect du supplice,
De ses bras enchaînés suppliant le bourreau ;
Puis oppose soudain à ce hideux tableau
Ces fiers républicains dignes des jours antiques,
Qui saluaient la mort de chants patriotiques.

Mais si les échafauds dressés de toutes parts
De leurs reflets sanglahs fatiguent tes regards,
Porte-les vers ces champs où plane la victoire.
Là, le sang coule aussi , mais versé par la gloire ;
Là, serrant avec nous un éternel lien,
Fier du nom de soldat, un prince citoyen,