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Page:Collectif - Le diamant souvenirs de litterature contemporaine.pdf/232

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pides à reculer ; on distingue à peine le bâtiment. Tout-à-coup un mât est amené aux pieds du peuple spectateur ; puis des tonneaux, puis des débris, puis des cadavres !…

On court de tous côtés avec des fanaux ; on se précipite sur la falaise. À chaque instant on ramasse des femmes… des enfants… des hommes… tous morts !… Un marin court vers un rocher, il croit apercevoir quelque chose qui se meut dans l’ombre ; c’est un matelot ; on le prend, on le porte dans la salle commune de la Société humaine ; deux autres sont recueillis, l’un est trouvé sans connaissance, à califourchon sur une planche que la vague a poussée sur le rivage : on apprend d’eux qu’ils montaient l’Amphitrite.

Un homme dont les vêtements ruissellent, porte dans ses bras une femme presque nue ; il réclame par gestes des secours pour elle, car il a perdu la voix, ses yeux sont égarés, sa poitrine haletante ; à peine a-t-il déposé la pauvre naufragée sur la table d’une salle où sont réunis les gens de l’art, qu’il tombe à genoux et paraît succomber, moins encore à la fatigue qu’à des émotions déchirantes.

Cependant un chirurgien s’empare de la belle mourante ; un sang noir s’échappe de son bras ; des frictions d’éther ramènent un peu de chaleur ; l’infortunée ouvre les yeux ; des cris d’espoir se font entendre ; Henri se ranime, il veut se convaincre